Caractéristique des journaux indépendants, un vote va décider dans les prochains jours de la nomination de deux nouveaux patrons: Nicolas Demorand à Libération et Erik Izraelewicz au Monde. Mais pour le jeune journaliste vedette de la radio et le patron de rédaction chevronné passé par Les Échos et La Tribune, les élections ne représentent pas le même enjeu.
L'intervieweur de France Inter et d'Europe 1 verra sa nomination validée comme coprésident du directoire et doit ne pas être rejeté par 66% des votants, le 4 février, pour prendre la tête de la rédaction. L'hypothèse d'un revers est donc peu probable, même si Nicolas Demorand n'a jamais eu de fonctions de direction et n'est pas un familier de la presse. Préféré à Renaud Dély de France Inter (Nicolas Domenach, de Marianne, affirme avoir refusé le poste), il est appelé à mettre sa notoriété au service de Libé, à la façon d'un Christophe Barbier de L'Express. Il s'agit en somme d'incarner le quotidien et de le représenter plus que de le manager, comme en atteste son maintien sur France 5 (C Politique).
Candidat fédérateur
Tout autre sera le vote concernant Erik Izraelewicz qui doit réunir, le 10 février, plus de 60% des voix des rédacteurs. Le journaliste économique est porteur d'un projet bien charpenté. Il préconise une révolution numérique au Monde avec une fusion des rédactions Web et papier, des minisites, le passage à une parution matinale, un contrat de lecture réinventé et même un ton «faites vivant». Toutefois, comme le rappelle Gilles Van Kote, président de la Société des rédacteurs, «sa personnalité et son profil ne posent pas problème, c'est un candidat plutôt fédérateur, mais l'attitude des actionnaires et le processus de désignation ont fait des déçus.» En effet, le trio Bergé-Niel-Pigasse a préféré ne proposer qu'un seul nom plutôt qu'une liste restreinte avec des projets. De quoi alimenter des rancœurs…