Alain Méar, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel et président de l'Observatoire de l'équipement des foyers pour la réception de la TV numérique, a le sens de la formule: «La révolution numérique ne connaît pas la crise (…). Mais nous ne sommes pas assurés par les MMA : zéro tracas, zéro blabla, on ne connaît pas.» De fait, si la vague d'études portant sur le premier semestre 2010 montre une évolution satisfaisante (de 70% à 85,8% en un an) des foyers accédant à la télévision numérique (dont 56,5% via un adaptateur TNT), le plus dur reste à faire. Alors que seul un tiers de la population aura tourné la page de l'analogique, le 17 novembre, après le basculement de la Bourgogne et de la Franche-Comté, l'objectif est d'arriver à toucher 100% des habitants au 30 novembre 2011. Début février, suivront le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et la Haute-Normandie , une «triplette» qui a valeur de test avant le 8 mars, date d'extinction de l'analogique en Ile-de-France, laquelle devrait être accompagnée par une «Nuit du numérique» à Paris. Et pour finir, viendront les difficiles zones de montagne.
Des urbains pas si en avance
Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les communes rurales qui sont les plus réfractaires au tout-numérique. «Les grandes villes ne se libèrent pas plus vite de la dépendance», souligne Louis de Broissia, président du GIP France Télé numérique. En effet, si 7,9% des foyers continuent d'être entièrement dépendants de la diffusion hertzienne analogique, ce sont les plus de 75 ans (17%, –8,7 points en un semestre) et les autres inactifs (15,5%, –7,6 points) qui ont le plus fort taux de dépendance. Mais, globalement, il y a une certaine homogénéité sociale et «un partage équitable du dividende numérique». Certaines communes ont profité de l'offre de remboursement de l'Etat, 80% dans la limite de 100 euros par foyer, pour financer leurs propres réémetteurs.