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Après quelques années de vache maigre, les opérations financières s'enchaînent depuis début septembre sur la Toile française.

Après la pluie, le beau temps. La période de disette des fusions-acquisitions dans le secteur des sites Internet semble tirer à sa fin. Depuis les rachats de Doctissimo et Aufeminin, dernières opérations d'envergures réalisées en 2007, la crise économique et le spectre de la bulle Internet avaient mis en hibernation les opérations. Mais cette fin d'année 2010 semble marquer la fin de la période glacière.

En juin, le japonais Rakuten ouvre le bal en rachetant le site français d'e-commerce Price Minister pour la bagatelle de 200 millions d'euros. Mais la reprise va s'accélérer après l'été.

En septembre, le portail d'agrégation d'information Wikio conclut un mariage avec la plate-forme de blogs Overblog, puis rachète le moteur de recherche local Nomao trois semaines plus tard. Emerge ainsi un groupe de quelque 120 collaborateurs, avec un chiffre d'affaires qui devrait atteindre plus de 10 millions d'euros en 2010, et un «objectif est de faire au moins deux fois plus l'an prochain», a indiqué Frédéric Montagnon, directeur marketing de la nouvelle entité.

Le 14 octobre, Comment ça marche finalise le rachat de Benchmark Group (Le journal du Net, L'internaute, Le journal des femmes, Copains d'avant…) pour environ 60 millions d'euros. Les deux groupes vont rassembler près de 20 millions de visiteurs uniques par mois en France, soit un internaute sur deux, se positionnant ainsi dans le classement des sites après respectivement Google, Microsoft, Facebook et Orange, selon un communiqué.

Mais c'est sur le juteux segment des petites annonces en ligne que les investissements se sont concentrés. Le 22 septembre, Spir Communication a annoncé une réorganisation de ses participations conjointes avec le norvégien Schibsted, auquel il va reprendre ses parts dans Lacentrale.fr et Caradidiac.fr, en échange de sa propre participation dans Leboncoin.fr, le champion de la petite annonce en ligne entre particuliers, valorisé 400 millions d'euros.

L'allemand Axel Springer, lui, a officiellement lancé une OPA sur le groupe d'annonces immobilières Seloger.com, coté à Paris. Le groupe d'annonces immobilières en ligne est, depuis le 9 septembre, la cible du groupe de médias allemand qui souhaite le racheter pour 566 millions d'euros, soit 34 euros par action. Enfin, le groupe Le Figaro a mis 20 millions d'euros sur la table pour devenir seul maître à bord de sa prospère filiale de petites annonces Adenclassifieds, dont il détient actuellement 87,25%.

Cet engouement s'explique. «Ces opérations ont été enclenchées début 2010, après une année 2009 de crise où les consolidations ne se sont pas faites car les valorisations des sites avaient trop chuté, explique Virginie Lazès, directrice associée de la banque d'investissements européenne Bryan Garnier & Co. Finalement, 2010 à été l'année de la prise de conscience, pour de nombreux fonds d'investissement, qu'Internet était un secteur avec un modèle extrêmement rentable.»

Encore de belles pépites

Mais si Internet semble être de nouveau en cour chez les investisseurs, les opérations réalisées restent loin des prix irrationnels proposés au moment de la bulle Internet. «Sur les dernières transactions réalisées, le prix proposés restaient compris entre 10 et 20 fois l'Ebitda. C'est supérieur aux prix proposés dans l'économie réelle, mais l'on n'est plus pour autant dans un phénomène de bulle, où les offres atteignaient cinq fois le chiffre d'affaires», analyse Virginie Lazès.

Reste que le mouvement n'a pour le moment pas profité à tous. «Il y a des sites aux modèles encore difficiles à monétiser, comme les sites de partage de vidéos, qui n'ont encore que peu profité de la reprise des investissements», pointe Virginie Lazès, ajoutant: «Par ailleurs, il reste quelques belles pépites indépendantes sur la Toile française, à l'image de Viadeo ou d'Allociné». Un marché qui aiguise d'ailleurs l'appétit de fonds américains, comme Battery Venture ou Baldertone Capital. «Ils viennent regarder de près le marché de l'Internet français», témoigne Virginie Lazès.

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