«Trash» ou pas «trash»? Bild ou pas Bild? Depuis le limogeage de Christian de Villeneuve, directeur de la rédaction du nouveau projet éditorial de France Soir, remercié le 20 août, les équipes du quotidien fondé par Pierre Lazareff ne savent plus à quel saint se vouer.
Christian de Villeneuve, ancien directeur des rédactions du Parisien et du Journal du dimanche, n'aurait pas satisfait aux exigences d'Alexandre Pugachev, l'oligarque russe de vingt-six ans qui dirige le quotidien, bien que la diffusion France payée du titre ait quadruplé, passant de 20 681 exemplaires en 2009 à 88 830 exemplaires en moyenne entre mars et mai 2010.
L'arrivée de son successeur, Rémy Dessarts, ancien rédacteur en chef de Capital,VSD et directeur de la rédaction de L'Équipe, a semé le trouble. Le journaliste était le maître d'œuvre du projet avorté de Bild à la française, lancé par le groupe Axel Springer en 2006. De quoi faire craindre aux équipes du titre des dérives crapoteuses…
Entre coups de théâtre et confusion
Alexandre Pugachev a voulu rassurer, dans une interview accordée au Figaro. «En aucun cas, je ne souhaite transformer France Soir en un quotidien trash, populiste ou en un “Bild à la française”, comme j'ai pu le lire dans la presse», déclarait-il le 23 août. Ajoutant qu'il avait consulté les maquettes du défunt projet de «Bild à la française» et qu'il s'était aperçu qu'un tel journal n'était pas duplicable en France. Le nouveau conseiller de Pugatchev, l'éditeur Holger Wiemann, pousserait pourtant dans ce sens.
Nouveau coup de théâtre: le 30 août, l'ancien directeur de la rédaction, Gilles de Prévaux, ouvrier de la nouvelle formule, a diffusé une lettre ouverte à Rémy Dessarts, dans laquelle il l'enjoint de «maintenir le journal dans sa crédibilité, loin du “trash” annoncé et des scandales quotidiens souhaités par le président!» De quoi ajouter à la confusion et aux craintes des salariés de France Soir.