Geek autodidacte, syndicaliste précoce puis créateur d'entreprises, ex-militant socialiste, fils d'immigrés marocains diplômé de Sciences Po, l'ancien président du Conseil national du numérique Mounir Mahjoubi, 33 ans, a été nommé mercredi 17 mai secrétaire d'Etat au Numérique. L'entrée au gouvernement du directeur de la campagne numérique d'Emmanuel Macron couronne un parcours de 15 ans dans l'économie d'internet, jalonné de connexions politiques.
Féru d'informatique depuis l'enfance, Mounir Mahjoubi entre à 16 ans chez le fournisseur d'accès Club Internet comme technicien réseau. Deux ans plus tard, tout juste majeur, il y est élu délégué du personnel, puis délégué syndical, siégeant au comité d'entreprise européen de la maison mère, Deutsche Telekom.
Il obtient en parallèle une maîtrise de droit des affaires à la Sorbonne, puis un master finances et stratégie à Sciences Po, remportant au passage les concours d'éloquence des deux établissements. Une formation complétée à l'université Columbia de New York puis, outre-Manche, à l'école de commerce de Cambridge.
Cerise sur le gâteau: un CAP cuisine décroché en 2015. Le goût des fourneaux lui est venu après le succès de sa société Equanum, plus connue sous le nom de La Ruche Qui Dit Oui, fondée fin 2010 avec deux associés.
De BETC Digital au Conseil national du numérique
En 2012, il intègre l'agence de marketing numérique BETC Digital, filiale du groupe Havas, dont il devient directeur adjoint en 2014, jusqu'à sa nomination début 2016 à la présidence du Conseil national du numérique (CNN). Une fonction bénévole, créée par François Hollande, dont M. Mahjoubi fut un soutien actif lors de la campagne présidentielle de 2012, prenant part à sa campagne sur internet, comme il le fit cinq ans plus tôt pour celle de Ségolène Royal.
Adhérent au Parti socialiste de 2002 à 2015, il n'a depuis pas renouvelé sa cotisation, préférant rejoindre la marche vers le pouvoir de M. Macron. Il a démissionné du CNN en janvier, mais est resté président de la société French Bureau.
Né à Paris, élevé dans le quartier populaire de la Porte de Bagnolet par une mère femme de ménage et un père peintre en bâtiment, naturalisé français à l'âge de neuf ans, il est aussi candidat du parti La République en marche dans le XIXe arrondissement de la capitale. Il espère y défaire le député sortant, enraciné depuis trente ans: Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS.