La filiale d’EDF est le premier acteur du secteur de l’énergie à lancer un site écoresponsable. Menée avec l'agence Niji, cette initiative, en cohérence avec sa promesse d’aider ses clients à décarboner leurs usages, est couronnée du Grand Prix Stratégies du design.
Seulement 1,48 gramme d’équivalent CO2. Voilà le bilan carbone d’une visite sur le nouveau site internet de Dalkia. Ce résultat le classe parmi les bons élèves avec une note de A, sur une échelle allant jusqu’à G, selon le barème EcoIndex, qui mesure la performance environnementale des sites et des pages web. Surtout, c’est une réduction de 64% par rapport à l’ancienne version, bien plus gourmande, du portail de l’entreprise.
La prouesse est d’autant plus remarquable que Dalkia est un géant de l’énergie, avec 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier et 19 000 collaborateurs. Même si cette filalie d’EDF n’intervient qu’en BtoB, notamment pour les collectivités locales, avec comme métiers la performance énergétique et la décarbonation des usages de ses clients, les enjeux demeurent énormes. En termes de business, bien sûr, mais aussi de recrutement.
Or, à en croire l’annonceur, les résultats sont au-delà de toutes les espérances. Depuis sa refonte, le site a vu sa fréquentation augmenter de moitié et les candidatures spontanées se sont multipliées. Preuve qu’il est possible de faire mieux avec moins.
Pour en arriver là, le chemin a été long. Les premières pierres du projet ont été posées fin 2019, se souvient Yv Corbeil. Directeur général de l’agence du groupe Niji, un indépendant de plus d’un millier de collaborateurs dont 600 développeurs, ce créatif québécois raconte avoir alors évoqué avec son client « les initiatives prises en matière de sustainable by design », un terme qu’il traduit par « l’écoconception dès la phase de réflexion ». Dalkia accroche à l’idée.
S’ensuit une phase d’audit et de cadrage stratégique de deux mois avant une restitution au client lors d’un « sustainable day ». Après le feu vert du comité de direction, le projet démarre à l’été 2020 pour un lancement final en septembre 2021, impliquant au total 70 personnes et plusieurs prestataires (design, éditorial, SEO…).
De 2 400 à 600 pages
« Ce sont des projets qui durent longtemps car ils mobilisent de manière transversale beaucoup d’équipes chez le client, avec un gros comité de pilotage », remarque Yv Corbeil. « Nous avons organisé des ateliers pour voir comment nous allions réussir à embarquer nos équipes sur l’idée de réduire notre impact numérique », relève Jean-François Allin, directeur de la communication du groupe Dalkia. Car qui dit baisse de l’impact implique aussi réduction du nombre de pages d’un site web. Il faut donc accepter d’en dire moins.
Celui de Dalkia est passé de 2 400 à 600 pages, une transformation qui n’est pas sans risques. « Quand on divise le nombre de pages par quatre, la performance sur les moteurs de recherche est forcément dégradée. Il a fallu trouver des astuces avec nos partenaires SEO pour ne pas complètement disparaître des moteurs de recherche », note Jean-François Allin.
Le design lui-même a contribué à la réduction globale de l’empreinte, avec notamment l’adoption d’une couleur unique, le vert, traitée sous forme d’images tramées. Cette couleur présente aussi l’avantage de signifier immédiatement au visiteur du site, par réflexe mental, son écoconception. Elle correspond aussi à l’un des codes-couleur des entités d’EDF (vert, orange et bleu) et en fait, au-delà d’un site écoconçu, un site « propriétaire », attribuable à Dalkia au-delà de son caractère eco-friendly.
D’autres adaptations complètent le dispositif de réduction de l’empreinte : diminution du nombre et de la taille des vidéos, suppression de la lecture automatique de celles-ci, simplification de l’architecture… Au terme de « sobriété », qui évoque pour Yv Corbeil « une dégradation de l’expérience », le créatif prône plutôt la « frugalité », qui permet de conserver une expérience aboutie comprenant « des moments d’enchantement forts », avant de prendre une pause.
Tout l’enjeu est là : réduire son impact sans dégrader l’expérience. Aujourd’hui, pour héberger les données de son site, Dalkia est passé de sept à deux serveurs, dont l’un se met même en veille la nuit et le week-end. « La plus belle des récompenses, ce serait qu'on commence à nous copier », espère Yv Corbeil.
« C’est la stratégie du mieux, pas celle du moins »
Jean-François Allin, directeur de la communication du groupe Dalkia
« La frugalité, ce n’est pas la stratégie du moins, mais celle du mieux. Nous ne prônons pas la décroissance et une dégradation de l’expérience, au contraire. D’ailleurs, comme le temps de chargement des pages a fortement diminué, de neuf secondes maximum à une seconde, l’expérience est plus fluide. Cela se traduit par une augmentation du trafic sur notre site de 50% et une augmentation du nombre de pages visitées d’environ 20%. »