L'actuel président de Valeo a été officiellement nommé président non exécutif d'Orange par le nouveau conseil d'administration du groupe de télécoms le 19 mai. Portrait.
PDG de Valeo entre 2009 et 2022, Jacques Aschenbroich, 67 ans, a transformé l'équipementier automobile français en un groupe technologique de pointe, avant d'être nommé le 19 mai président non exécutif d'Orange. « J'aime les entreprises comme Orange, qui ont une véritable culture technique », a-t-il déclaré en saluant la « compétence des collaborateurs » du groupe de télécoms, dans une vidéo retransmise lors de l'assemblée générale des actionnaires qui a entériné sa nomination. Celle-ci a été officiellement approuvée par le conseil d'administration dans la foulée.
Méconnu du grand public, le groupe Valeo est le 10e équipementier automobile mondial, et l'un des poids lourds de l'industrie française. Il équipe en phares, moteurs électriques ou systèmes de climatisation des millions de voitures à travers le monde, notamment pour les constructeurs allemands et asiatiques.
Quand Jacques Aschenbroich prend les rênes de l'équipementier en 2009, en pleine crise économique, « l'organisation était défaillante et fragmentée », racontait le dirigeant le 13 mars au Figaro. « Avec 11 branches et 132 divisions, il n'y avait ni économie d'échelle ni synergies. Il a fallu réorganiser de fond en comble : nous sommes passés à quatre pôles et avons réinvesti les économies réalisées dans la technologie et dans notre croissance, en particulier en Chine », détaillait-il.
Lire aussi : Les chantiers de Christel Heydemann, nouvelle directrice générale d’Orange
En 12 ans, ce passionné de technologie a orienté l'équipementier vers l'innovation, notamment dans les écrans connectés ou les aides à la conduite (ADAS), mais aussi les moteurs électriques de petits véhicules ou de vélos. En 2017, il est nommé quatrième « patron le plus performant du monde » par la Harvard Business Review et « stratège de l'année » par Les Echos.
Selon le délégué syndical FO du groupe, Bertrand Bellanger, « il a fait monter Valeo et si aujourd'hui, la boîte en est là, c'est grâce à lui », même s'« il venait de Saint-Gobain et qu'il n'avait pas forcément une bonne réputation ». « Très humain, très abordable », « très média » aussi, Jacques Aschenbroich affiche un bilan « positif sur le fait qu'il a transformé l'entreprise, mais globalement, on a quand même une baisse d'effectifs en France », souligne le syndicaliste.
Au niveau du groupe, Valeo est passé de 45 000 à 110 000 salariés dans le monde, et a plutôt bien résisté aux cahots successifs qu'a affrontés le secteur automobile (crise sanitaire, pénurie de puces électroniques) avec un chiffre d'affaires de 17,3 milliards d'euros en 2021. « Quant à notre chiffre d'affaires, il a été multiplié par 2,5, et même par plus de quatre en Asie : la Chine est désormais notre premier pays, avec plus de 20 000 salariés contre 15 000 en France », se félicitait Jacques Aschenbroich en janvier. La clientèle de l'équipementier est « aujourd'hui composée pour un tiers de clients allemands et pour un tiers de clients asiatiques. Les Français ne représentent plus que 15% ».
Lire aussi : Publicis et Orange lancent une plateforme de live événementiel
Les investisseurs n'ont pas suivi : dans un secteur automobile très mal coté, la valeur de l'action Valeo a presque été divisée par 4 depuis 2019. L'électrification des activités du groupe, avec dernièrement le rachat de la totalité de sa coentreprise de moteurs électriques avec Siemens, était censée faire renaître la confiance.
Ingénieur de formation, diplômé des Mines, Jacques Aschenbroich avait débuté sa carrière dans la haute fonction publique. Il a été conseiller de Jacques Chérèque - préfet délégué chargé du redéploiement industriel en Lorraine sous François Mitterrand - puis de Jacques Chirac alors Premier ministre, intégrant son cabinet en 1987 comme conseiller technique pour les affaires industrielles.
Il a ensuite passé 20 ans chez Saint-Gobain, dirigeant des filiales du géant français des matériaux au Brésil et en Allemagne, avant de devenir le directeur adjoint du groupe. Il le quitte en 2008, après la condamnation de Saint-Gobain pour une entente avec d'autres producteurs de verre automobile. Il a également été administrateur d'Esso, et le reste chez BNP Paribas et TotalEnergies. Fin janvier 2022, il a cédé la direction générale de Valeo en douceur à son dauphin Christophe Périllat, en conservant la présidence du conseil d'administration.
Chez Orange, le départ contraint de Stéphane Richard, PDG d'Orange depuis 2011 condamné en novembre dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais, a précipité la nomination d'une nouvelle direction, dans le cadre d'une gouvernance dissociée. Jacques Aschenbroich va en effet former un tandem avec Christel Heydemann, 47 ans, devenue directrice générale début avril.