Dans son rapport annuel, le département santé de BVA prend le pouls de la population française. Même si elle est plutôt en forme, elle exprime une inquiétude et un pessimisme quant à l’avenir de sa santé. Un diagnostic propice aux croyances dystopiques.
« Depuis la pandémie mondiale, l’attention portée par les Français à leur corps et à leur santé est grandissante », avance d’entrée de jeu le Baromètre des tendances santé de BVA publié fin 2023. Alors que l’état de santé global semble stable depuis 2019 – sept sondés sur dix s’estiment en forme, même si quatre sondés sur dix affirment prendre des traitements au long cours principalement pour l’hypertension artérielle, le diabète, l’arthrose et l’asthme –, les Français se montrent plus pessimistes qu’à cette époque quant à leur état de santé futur.
En effet, sept Français sur dix, principalement les femmes et les personnes âgées entre 35 à 49 ans, prévoient que leur santé va se dégrader au cours de la décennie. 28% des Français s’inquiètent de l’émergence de nouvelles épidémies. « Cette insécurité psychologique sur l’avenir de sa santé et plus largement sur l’avenir crée un ancrage négatif propice aux croyances dystopiques », souligne Marie El Hayani, directrice de clientèle BVA Xsight. Un endroit où cette insécurité est principalement concentrée est Internet. 87 % des Français s’accordent à dire qu’Internet et a fortiori les réseaux sociaux sont remplis de fake news, dangereuses dans le domaine de la santé.
Pour autant, deux Français sur trois, dont les trois quarts des moins de 50 ans, n’enlèvent pas la fonction première de cette technologie qu’est la recherche d’information. D’ailleurs, le baromètre a observé depuis quelques années l’émergence de groupes de patients atteints de certaines maladies ou syndromes peu ou mal diagnostiqués par la médecine conventionnelle et qui s’auto-organisent sur Instagram ou TikTok pour y trouver des informations, du soutien ou tout simplement une écoute. « Les endo-warriors (personnes atteintes d’endométriose), les migraine-warriors… cherchent des informations sur les réseaux en réponse à une errance médicale. C’est une manière de reprendre le pouvoir sur la maladie car ils ne la subissent plus sans savoir. Mais tout l’enjeu est de recréer un cadre pour éviter de la désinformation autour de la santé », explique la directrice de clientèle du département santé.
L'accès aux soins, première préoccupation
Depuis la création du Baromètre BVA, une chose est sûre : les Français ont pris conscience de la relation de cause à effet entre la dégradation de l’environnement et leur santé. Cette dernière devient par conséquent une des principales préoccupations des Français et dans ce domaine, le baromètre souligne trois risques qui doivent être maîtrisés avec en plus urgent, selon 50% des sondés, l’accès aux soins (déserts médicaux, baisse de médecins…). « C’est la première année où cette préoccupation atteint la première place », note Marie El Hayani. À noter également que depuis le covid, le personnel soignant et ses structures sont épuisés. Malgré les nombreuses réformes mises en place par le gouvernement, souvent jugées insuffisantes par la profession, le domaine de la santé subit un manque de moyens, de personnel, des retards de prises en charge et une désertion des centres médicaux. Suivent dans cette pyramide des préoccupations, la dégradation de l’environnement (pollution, produits nocifs pour la santé…) à 45% et la progression des maladies (cancers, Alzheimer, diabète, AVC…) à 40%.