Alors que la colère des agriculteurs explose en France, le gouvernement tente de mettre la pression sur les négociations commerciales entre supermarchés et industriels qui se terminent le 31 janvier.

En pleine colère des agriculteurs qui réclament de meilleurs revenus, le gouvernement essaie de mettre la pression sur les négociations commerciales entre supermarchés et industriels, déjà tendues en raison du contexte inflationniste, et qui doivent prendre fin ce mercredi soir. Vendredi 26 janvier, après avoir égrené de premières mesures pour le secteur agricole, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé que « dans les prochains jours », le gouvernement allait « sanctionner très lourdement trois entreprises » qui ne respectent pas les lois Egalim visant à protéger le revenu des agriculteurs dans le cadre des discussions entre la grande distribution et ses fournisseurs de l'agro-industrie.

Gabriel Attal a également promis un renforcement des contrôles et une « pression maximale » sur les négociations en cours. En novembre, le gouvernement avait fait voter une loi pour avancer de quelques semaines les négociations annuelles entre la grande distribution et ses fournisseurs de l'agro-industrie, destinées à fixer les conditions de vente (prix d'achat, place en rayon, calendrier promotionnel...) d'une large part des produits vendus en grandes surfaces. L'objectif des autorités était de faire redescendre plus rapidement dans les rayons des supermarchés les baisses de certains prix de gros, afin d'alléger autant que possible la pression inflationniste sur le portefeuille des ménages. Des promesses qui ne seront vraisemblablement pas tenues.

Une législation à revoir ?

Si le calendrier a changé, l'ambiance conflictuelle entre ces acteurs économiques puissants est restée aussi tendue qu'à l'accoutumée, surtout entre les plus gros et y compris publiquement, certains distributeurs n'hésitant plus à aller au clash. Carrefour, deuxième distributeur alimentaire derrière E.Leclerc, a par exemple dénoncé la politique tarifaire de son fournisseur PepsiCo en sortant de ses rayons ses produits, chips Lay's ou Doritos, sodas Pepsi ou 7Up. De son côté, le géant de l'agroalimentaire et des produits d'hygiène Unilever (Knorr, Amora, Axe ou Carte d'Or) a assigné en référé Intermarché pour une campagne d'affichage jugée dénigrante, avec une audience en référé fixée par le Tribunal de Commerce le 31 janvier, soit le dernier jour des négociations commerciales. Ambiance.

De l’autre côté du miroir, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) voit dans la colère des éleveurs une réponse aux montants trop bas auxquels les grands industriels Lactalis et Savencia achètent le lait. En réponse, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui s'était exprimé vendredi à l'issue d'un comité de suivi des négociations, avait annoncé avoir relevé « un certain nombre d'infractions de la part des industriels (...) comme de la part de certains distributeurs » qui donneront lieu à des « injonctions de se conformer à la loi ». Les contrevenants s'exposeront à une sanction à hauteur de 2 % de leur chiffre d'affaires. Côté distributeurs, le président de Lidl France Michel Biero a déploré après cette réunion une législation « très complexe » et « obsolète », qui « ne fait plus de sens dans un contexte de crise comme celui qu'on vit ». Il compte demander une mission parlementaire « de toute urgence pour mettre à plat cette loi de modernisation de l'économie ».

Lire aussi :