Alors que la cérémonie des César a connu deux dernières éditions entachées par les polémiques, les organisateurs veulent redresser la barre en 2022. Le film «Illusions perdues» part favori.
Qui pour succéder à «Adieu les cons», grand gagnant des César l'an dernier? Le cinéma français décernera dans la soirée du vendredi 25 février ses statuettes les plus prisées, avec un favori, le film «Illusions perdues», adapté de Balzac. Après une année 2021 à nouveau marquée par la crise sanitaire, et deux éditions ternies par des scandales et des flops, l'Académie des César n'a pas le droit à l'erreur. Elle a confié les clés à un vieux routier de l'exercice de maître de cérémonie, Antoine de Caunes, qui montera sur scène à l'Olympia, pour une 47e soirée des César une nouvelle fois retransmise en clair sur Canal+.
Au programme: des paillettes, avec le César d'honneur remis à l'actrice australienne Cate Blanchett par Isabelle Huppert, le souvenir des disparus, Jean-Paul Belmondo et Gaspard Ulliel en tête, et bien sûr le palmarès, pour lequel le film «Illusions perdues», fresque acide sur la presse et ses dérives, fait figure de favori. Avec 15 nominations dont le meilleur film et la meilleure réalisation, le film de Xavier Giannoli fait la course en tête pour succéder à «Adieu les cons» d'Albert Dupontel, qui a triomphé l'an dernier avec sept statuettes. Derrière l'adaptation du grand roman balzacien, les membres de l'Académie ont placé l'opéra-rock «Annette» de Leos Carax (11 nominations), présenté au Festival de Cannes.
Sept films en lice dans la catégorie reine
La star américaine Adam Driver fera le déplacement, a annoncé Canal+. L'acteur est en lice pour le César du meilleur acteur pour ce film, côtoyant dans sa catégorie Benoît Magimel, Vincent Macaigne ou Pierre Niney. Pour compléter ce trio de tête, «Aline», le biopic de Valérie Lemercier consacré à Céline Dion, dans lequel cette grande fan de la star québécoise donne le meilleur d'elle-même, a décroché dix nominations, dont logiquement la meilleure actrice, aux côtés de Léa Seydoux ou Laure Calamy, à nouveau nommée après avoir remporté le titre l'an dernier. Dans la catégorie reine du meilleur film, outre les trois opus placés en tête, les membres de l'Académie ont également mis sur les rangs «BAC Nord» de Cédric Jimenez, sur les dérives policières dans les quartiers Nord de Marseille, «L'évènement» d'Audrey Diwan, adaptation d'un roman d'Annie Ernaux sur l'avortement qui a décroché le Lion d'Or à Venise, «La Fracture» de Catherine Corsini sur la France des gilets jaunes ainsi que «Onoda, 10 000 nuits dans la jungle» d'Arthur Harari.
Image sévèrement égratignée
Renouvelée pour répondre aux accusations d'opacité, d'entre-soi et de machisme, l'Académie des César saisira-t-elle l'occasion de montrer qu'elle a changé? Une seule cinéaste a reçu jusqu'ici le César de la meilleure réalisation: Tonie Marshall en 2000 pour «Vénus Beauté (institut)». Trois sont nommées cette année (Valérie Lemercier, Audrey Diwan et Julia Ducournau, qui a décroché la Palme d'Or à Cannes pour «Titane») contre quatre hommes. Pour tous ces films, des César pourraient faire office de lot de consolation après une année où le cinéma français a pu briller en festival mais a souffert en salles, en raison de la pandémie de Covid-19.
Antoine de Caunes et la réalisatrice Danièle Thompson, présidente de la cérémonie, s'emploieront aussi à redorer le blason de cette soirée de gala, inspirée des Oscars américains, mais dont l'étoile a largement pâli. En 2020, à l'apogée d'une crise interne, Roman Polanski, accusé de viol, était sacré meilleur réalisateur pour «J'accuse», provoquant le départ de la cérémonie de l'actrice Adèle Haenel. L'image est devenue l'un des symboles de la lutte contre les violences sexuelles et pour l'égalité dans le milieu du cinéma. Et malgré un profond renouvellement, la cérémonie de l'an dernier, marquée par un happening pro-intermittents du spectacle de l'actrice Corinne Masiero nue sur scène, a fait un flop d'audience (1,6 million de spectateurs). Et suscité un torrent de critiques déplorant le nombrilisme du monde du cinéma en pleine pandémie.