Automobile

La marque française dévoile mardi 17 octobre la première version électrique de son emblématique C3, promise à moins de 25 000 euros, avec l'ambition de la rendre accessible à tous.

La marque aux chevrons, dans le giron du constructeur Stellantis, avait donné un bref aperçu mi-juin de ce qui constituera la quatrième génération de sa C3, « best-seller de Citroën » avec 5,6 millions d'exemplaires vendus depuis son lancement en 2002. Les journalistes avaient pu découvrir à ce moment-là une voiture compacte mais haute, avec des airs de SUV, sans pouvoir en révéler plus. Conçu dès le départ en version électrique sur une plateforme qui équipe les C3 indiennes et brésiliennes, le nouveau véhicule sera disponible en trois versions et cinq options maximum sur chaque modèle, avait précisé la marque.

Mais surtout, elle avait annoncé que cette voiture, disponible dès début 2024, serait vendue pour moins de 25 000 euros, tentant ainsi de démocratiser l'électrique comme la 2CV avait démocratisé la voiture dans les années 1950. Acheter une voiture électrique reste pour le moment surtout réservé aux ménages très aisés, car les prix d'achat sont supérieurs à ceux des voitures thermiques, alors même qu'abandonner ces dernières au profit de l'électrique est nécessaire pour limiter le réchauffement climatique.

Actuellement, aucun modèle n'est commercialisé en dessous de 30 000 euros, sauf la Dacia Spring, la moins chère des électriques du marché, mais qui est fabriquée en Chine et offre un confort élémentaire.

Poussés par la concurrence asiatique, les constructeurs européens se sont lancés dans une course à l'entrée de gamme électrique. De nombreuses marques - Opel, Renault, VW avec sa future ID.2 - ont annoncé pour fin 2024 ou 2025 un véhicule autour de 25 000 euros. Mais Citroën veut devancer tout le monde avec un modèle disponible dès début 2024. Sa présentation officielle sera donc attentivement observée, tant par le secteur que par les ONG, qui chercheront à déterminer si la C3 tient ses promesses.

« On scrutera la batterie, le poids, la recyclabilité et surtout le prix final », a indiqué à l'AFP Marie Chéron, spécialiste électrification au sein de l'ONG Transport & Environment (T&E). D'autres constructeurs avaient en effet « annoncé des modèles à 25.000 euros, mais leurs prix ont augmenté », affirme-t-elle. C'est peut-être le cas de la future citadine Renault 5, la direction du groupe évoquant récemment plutôt des prix « en dessous de 30 000 euros ». Afin de démocratiser l'électrique, Mme Chéron estime que « la barre de référence est vraiment à 25 000 euros », « mais si on veut parler d'accessibilité, il faudrait plutôt des voitures à 20 000 euros ».

Son collègue de T&E Léo Larivière espère par ailleurs que la nouvelle C3 ne suivra pas la récente tendance des constructeurs à « électrifier par le SUV », malgré l'aperçu de juin. « Cela pose des problèmes environnementaux et d'accessibilité », car ces grosses voitures consomment plus et sont « très chères », explique-t-il, espérant plutôt « quelque chose qui va dans le sens de la sobriété ».

Challenge stratégique

L'impact environnemental du véhicule, lors de sa production et après son utilisation, sera scruté. « C'est important pour les consommateurs, qui pensent encore que l'électrique ne serait pas une vraie solution écolo, car on ne saurait pas recycler la batterie », explique Mme Chéron. « Si on veut vraiment une voiture populaire, il va falloir aussi qu'elle soit recyclable et respectueuse de l'environnement ! » affirme-t-elle.

Côté marque, gagner la course à l'entrée de gamme électrique constitue un challenge stratégique pour Citröen, dont les ventes sont moroses et les acheteurs vieillissants. Avec un marché en pleine expansion - les voitures électriques ayant dépassé pour la première fois 20% des ventes neuves en août en Europe, selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) - , la nouvelle C3, dont on ignore encore si elle sera disponible en version thermique, pourrait redonner de l'élan à Citroën.

Côté consommateurs, si elle respecte ses promesses de prix, la ë-C3 devrait « changer la donne pour les entreprises et pour les ménages aisés », estime M. Larivière. Mais pour « les classes moyennes et populaires, qui n'achètent pas leur voiture neuve, ça va être plus long », affirme-t-il : « la vraie accessibilité populaire sera quand cette voiture arrivera en occasion ».

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