A l'occasion de la conférence Les 10 dircoms innovants, organisée dans le cadre du Stratégies Festival, la directrice générale relations extérieures et engagement de L’Oréal Groupe revient sur la place de l'innovation dans l'exercice de son métier.
L’Oréal est né des innovations d’Eugène Schueller dans la coloration et les solaires. Comment cette culture se perpétue-t-elle aujourd’hui ?
L’Oréal est une entreprise très ancrée dans la science avec un milliard d’euros investis chaque année dans la recherche, dont 70% en France, autour de 4 000 scientifiques de toutes disciplines. Un autre milliard est investi dans la tech. Chez L’Oréal, on ne parle d’ailleurs pas de recherche et développement, mais de recherche et innovation liant la science avec le marketing pour toujours coller aux attentes des consommateurs. Nous produisons 6,5 milliards de produits par an pour environ 2 milliards d’acheteurs.
Pour autant, l’innovation, ce ne sont pas que des produits et des formules, ce sont aussi des packagings plus verts, des solutions de tests virtuels, une publicité à la fois plus divertissante et transparente en termes d’informations… La beauté est un besoin universel de l’humanité, de l’homo erectus au métavers ! L’Oréal est même devenu le pionnier de la beauty tech.
Votre périmètre comprend la communication et l’engagement. Qu’est-ce que cela implique ?
Quand on parle de communication, on oublie souvent le côté engagement, c’est-à-dire l’écoute. J’ai organisé mon calendrier en trois couleurs : le temps pour mes équipes, pour le business et pour le monde extérieur. Je m’assure chaque semaine que cet emploi du temps est équilibré. Je dois être à l’écoute de la société pour amener ces conversations aux équipes et au comex. Et j’essaie toujours de construire des équipes diverses. Dans mon entourage direct, je dois avoir 19 nationalités et des compétences très différentes, médecin, historien, anthropologue, criminologue… C’est un véritable orchestre d’experts.
On gère les relations média, les affaires publiques, la création de contenu, nous avons un studio créatif qui réalise des campagnes de groupe, ce qu’on ne faisait pas avant, en veillant à s’adresser en toute cohérence à l’ensemble de nos audiences. C’est pour cela que la communication scientifique ou financière sont aussi intégrées aux équipes communication et engagement. L’Oréal est le quatrième annonceur du monde, cela lui donne une grande responsabilité de communication. On veut créer la beauté qui fait avancer le monde, généreuse, inclusive, responsable de la planète.
Vous avez un parcours étonnant. Vous êtes anthropologue de formation et parlez plusieurs langues, vous avez vécu dans plusieurs pays. D’où vous vient cette curiosité ?
J’ai toujours été curieuse des gens, je passe mon temps à essayer de comprendre ce qui les anime. J’ai grandi à Mexico avec des parents très ouverts, qui nous ont envoyés mon frère et moi très jeunes voyager et apprendre aux États-Unis, en Suède, en France.
Cette culture de l’humain, je l’ai retrouvée chez L’Oréal où on dit que les êtres humains sont comme des plantes : certains ont besoin d’ombre, d’autres de soleil. Quand on connaît les gens, on sait avec qui et sur quels sujets les faire collaborer pour qu’ils s’épanouissent. Après le covid, j’ai institué des rituels pour que les collaborateurs aient envie de revenir au bureau : un café le mardi, un repas le mercredi, des formations le jeudi… Nos bureaux ont été repensés pour favoriser les nouveaux modes de travail et de collaboration. On a des espaces canapés lumineux pour des échanges informels, une agora connectée pour des échanges collectifs ou des formations, une bibliothèque pour travailler au calme avec interdiction d’y tenir des réunions. L’innovation concerne aussi les relations avec les équipes et les dirigeants.