Jean-Charles Naouri, futur ex-PDG du distributeur Casino, a exprimé sa satisfaction après l'accord conclu avec le Tchèque Daniel Kretinsky et ses alliés sur le sauvetage de Casino, dans une interview au magazine Le Point mise en ligne mercredi 2 août au soir.
« J'ai mis toute mon énergie » pour que Casino dont « la situation financière était compromise il y a deux-trois mois ne soit plus dans cette position. Je suis fier de moi. Ce n'était pas gagné », a déclaré Jean-Charles Naouri, futur ex-PDG du distributeur Casino, après l'accord de vente conclu avec le Tchèque Daniel Kretinsky. « Mon point d'honneur, c'est de faire en sorte que Casino (...) soit sauvé », a-t-il dit, ajoutant n'avoir pas ménagé ses efforts pour que le groupe ne soit pas « cassé en morceaux, après un bain de sang ».
Annoncé le 28 juillet, l'accord de principe de restructuration financière conclu entre le distributeur Casino, ses repreneurs les milliardaires Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor, et ses créanciers-clés est « une promesse juridique forte », juge M. Naouri. Il estime qu'avec cet accord « les actifs du groupe, les magasins et les équipes ne sont pas touchés ». « J'en suis satisfait et je pense avoir fait mon devoir », se félicite-t-il.
Étranglé par une dette de 6,4 milliards d'euros, Casino a franchi une étape majeure de son sauvetage en nouant un accord de principe, qui doit encore être avalisé et finalisé. « Nous avons eu des discussions intenses avec les créanciers », et « même s'il reste encore beaucoup de travail, on peut dire que la mission est en grande partie accomplie », estime M. Naouri.
Une dynamique de compétition
Le duo de milliardaires Kretinsky-Ladreit de Lacharrière s'était retrouvé seul en lice mi-juillet après que ses concurrents, le trio Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, ont renoncé à leur offre de reprise. Jean-Charles Naouri s'est félicité que Casino ait reçu initialement deux offres, de quoi « créer une dynamique de compétition et vous avez forcément une offre à la fin », a-t-il déclaré. « Je continue à penser que Casino reste l'un des plus beaux groupes de distribution en France » et qu'il est « composé d'actifs excellents », a-t-il dit.
Dans cette interview, Jean-Charles Naouri date le début du déclin de Casino à décembre 2015, quand le fonds activiste Muddy Waters, fondé par Carson Block, a publié un rapport très critique sur la gestion de Casino. Le titre Casino avait aussitôt fortement chuté à la Bourse de Paris. Le PDG déplore une attaque qui a ensuite lieu « en meute » et « simultanément », menée au total par « 17 fonds basés sur les 5 continents » - contre un groupe qui avait eu le soutien de 21 banques, « en majorité des banques étrangères » - et face auxquels « les autorités françaises sont démunies ».
« Il devrait exister des législations nationales protectrices des entreprises françaises leur permettant de se défendre contre de telles attaques, en obligeant notamment les fonds à répondre à des questions légitimes », estime M. Naouri. « Quelque part, ces fonds ont gagné en asphyxiant financièrement le groupe », regrette-t-il.