Directrice de la communication de Sciences Po Paris depuis septembre 2022, Émilie Prade porte la nouvelle raison d’être de l’école. Objectif : comprendre pour agir.
Elle a déchiré sa jupe à vélo ce matin-là. Trois épingles dénichées dans une pharmacie et la voilà remise en selle pour parler de Sciences Po, ce 15 juin, dans un café de Montparnasse. Directrice de la communication de cette école aux 15 000 étudiants, Émilie Prade vient de faire participer 450 personnes à des groupes de travail pour définir la raison d’être de l’institut. Verdict, approuvé par un vote de 7500 alumnis : « Comprendre son temps pour agir sur le monde » ou sa variante en anglais « Understand our times, make a difference ». Elle aurait préféré pour sa part « des esprits libres au service de la cité ». Mais la dircom se félicite de ce choix qui montre qu’on « a dépassé la raison d’être pour entrer dans l’agir ».
La raison d’être, de la loi Pacte de 2019, sonne pourtant bien aux oreilles de cette ancienne dircom de La République en marche qui a même été secrétaire générale adjointe du groupe à l’Assemblée nationale, chargée de la communication et de la formation des élus, grâce à Anne Descamps, aujourd’hui dircom de Paris 2024.
Séjour à Rome
Fille d’un officier de la marine marchande et d’une conservatrice d’un musée des prisons, élevée entre filles au collège-lycée Charles Péguy, cette diplômée en droit public a bien sûr fait Sciences Po, option médias et journalisme. Après un stage chez RTL et un séjour à Rome, où elle découvre la gastronomie italienne, elle trouve son premier job au cabinet de Jean-Louis Borloo, alors ministre du Travail. Puis, c’est sa première découverte du palais Bourbon où elle assure la communication de personnalités politiques avant de rejoindre, en 2008, Ogilvy pour des missions de conseil en relations publiques. « J’ai arrêté de faire de la communication politique car je trouvais déjà cela trop clivé », dit celle qui sera plus tard mandatrice financière de la campagne de Stanislas Guérini, en 2017.
Mère de trois enfants, aujourd’hui divorcée, elle accompagne son ex-mari énarque en Lorraine qui tente de s’implanter politiquement. Elle entre ensuite en 2011 au groupe EDF où elle est chargée des relations presse puis des questions internes de la transformation de l’entreprise avant de diriger la communication des énergies renouvelables en Paca. « Entre 30 et 40 ans, je n’ai pas eu de logique de construction de carrière », note-t-elle.
Son poste à Sciences Po coïncide avec une démarche d’engagement. « Je suis pour le collectif branding, clame-t-elle, que ce soit à EDF, auprès de nouveaux députés ou de militants. Je veux, à Sciences Po, travailler sur le collectif pour pousser un récit commun ». Elle entend refléter sur les réseaux sociaux les centres de recherche de Sciences Po, produire des contenus et faire monter des communautés en ce sens aussi bien sur TikTok que sur Instagram. Comme à LREM, il s’agit d’être en veille pour repérer soutiens, alliés et éventuellement opposants. Tout en favorisant le lien commun autour de grandes figures invitées comme Antonio Guterres ou Angela Merkel, qui vient de recevoir son titre de docteure honoris causa.
Parcours
2002. Diplômée de Sciences Po Paris, puis VIA [volontariat international en administration] à Rome.
2005. Responsable des relations publiques au ministère du travail.
2008. Ogilvy, directrice de clientèle en relations publiques.
2011. EDF, en charge des relations presse, puis dircom des énergies renouvelables en Paca.
2018. Secrétaire générale adjointe du groupe LREM à l’Assemblée, chargée de la communication, du soutien aux élus et de la prospective. Chargée de cours en stratégies de communication à Sciences Po.
2020. Dircom du parti La République En Marche.
2022. Dircom de Sciences Po Paris.