Et si vous étiez la nouvelle présidente de la République ? Lisa Nakam, directrice associée de Jonak, est la cinquième invitée de la nouvelle saison d’Et si j’étais Président, une série réalisée par Majda Chaplain, CEO de MC Factory, en partenariat avec Stratégies.
Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ?
Mon premier axe serait la modernisation de l’économie et des administrations. Nous sommes au début d’une ère de changements, où les licornes n’ont pas été oubliées sur l’arche de Noé. Et je trouve qu’elles se reproduisent à vitesse grand V, surtout en ce début d’année. Donc j’investirais massivement sur tout ce que ce nouveau monde peut apporter à l’économie pour alléger les administrations, diminuer les délais et les coûts. Je pense que l’économie du pays devrait appliquer les méthodes qui permettent d’optimiser le parcours client dans l'e-commerce à la politique. Elle doit partir du besoin des sociétés, des habitants, pour apporter des solutions qui soient rapides et efficaces. On dispose d’un grand nombre de ressources dont on doit se servir pour obtenir un arbre décisionnel qui soit plus simple, plus rapide, moins coûteux.
Je pense aussi que l’on a besoin de rayonner. Tant au niveau national qu’international, créer de la motivation pour les jeunes et les moins jeunes. Et en France, nous avons beaucoup d’entrepreneurs exemplaires, de sociétés innovantes. Ils peuvent donner envie à tout le monde de faire partie de ce nouveau monde. Parce qu’au final, il rebat complètement les cartes en termes de leadership.
Et le deuxième axe essentiel, c’est l’éducation. Nous avons la chance d’avoir un système d’enseignement supérieur qui est ultra performant, mais, hélas, destiné surtout à une élite. Pour moi, il faut revaloriser le système éducatif en amont pour donner une chance à tous. Le niveau scolaire pré-bac n’est absolument pas suffisant. Plutôt que de niveler vers le bas, nous devrions nous atteler à ce que tout le monde ait une chance d’accéder aux grandes écoles. En cette période de crise sanitaire, de rejets de toutes sortes, il faut redonner envie. Il faut faire rêver, apaiser et montrer que l’on peut y arriver. Et cela passe par le fait de redonner espoir en l’avenir grâce à l’éducation et à la modernisation de notre système économique.
Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?
Une entreprise n’est pas une ONG. Donc il faut commencer par définir ce que l’on peut, ou pas, en attendre. C’est fondamental. Ensuite, il faut mettre en place une politique de bonus/malus. Des sanctions pour les entreprises qui n’appliquent pas certains sujets RSE essentiels. Et pour la partie bonus, on pourrait imaginer, pour celles qui mettent en place des actions qui peuvent demander plus de temps, plus d’adaptation, que cela déclenche des crédits d’impôt, des allégements de charge... L’idée étant de définir en amont, sur chaque sujet RSE, si c’est un sujet essentiel que tout le monde doit pouvoir mettre en place. Ou si c’est un sujet plus complexe, une initiative supplémentaire. Pour moi, l’exemple type, c’est le «made in». Il faudrait impliquer l’État dans le contrôle des productions et des importations. Je ne trouve pas normal qu’aujourd’hui, le «made in» ne soit pas obligatoire en France sur un bon nombre de produits, ou que les règles ne soient pas claires.
Je pense aussi que ce type de projet repose sur la mise en place d’une philosophie d’exemplarité. Il faut plus de communication sur ce que les entreprises font et sur celles qui font bien les choses. Et pour cela, on pourrait très bien lister, valoriser, pondérer, dans un indicateur, la validation d’actions de RSE. Et faire apparaître ce résultat par exemple dans des clôtures de compte, qui pourraient ensuite être envoyées au public, aux banques, à l’État. Un peu sur le même modèle que les classes énergétiques dans l’immobilier. Parce que dans le fond, en listant toutes les actions RSE réalisables, si l’on mettait des notes, et qu’on pondérait à la fin ce que l’on considère comme très important ou moins important, on arriverait à quelque chose qui permettrait réellement de valoriser l’engagement sociétal des entreprises.
Pourquoi faut-il voter pour vous ?
Peut-être pour voir ce que donne une femme au pouvoir ! Cela fait un peu «girl power». Mais franchement, ça ne ferait pas de mal un peu de diversité parmi nos costards/cravates du CAC40 et du monde politique. Et puis plus sérieusement, pour réduire l’écart entre le monde politique et la société. Injecter un peu de vitesse, de poigne, d’opérationnalité dans les prises de décision. Parce que c’est clairement ce qui différencie le monde de l’entreprise du monde politique. Moins de bla-bla, un peu plus d’actions !
Retrouvez l'interview en intégralité sur le site de MC Factory.
Les épisodes précédents :
- Nathalie Rozborski, directrice marque et RSE de Maisons du Monde
- Arnaud Leroux, directeur marketing de Asics
- Omer Waysman, global e-commerce & business development director chez Danone