Consommation

Carbon Score, Home Index, J'agis, Bon+Bon : dans les grandes enseignes de bricolage, les logos se multiplient pour signaler les produits plus durables ou mesurer leur impact sur l'environnement, au risque de créer une cacophonie de notations face à l'absence de régulation.

Leroy Merlin a instauré fin mars un Home Index sur 35 000 produits de ses marques propres. Avec une note de A (vert) à E (rouge), cet indicateur évalue les conditions de production, l'emballage, la consommation d'eau ou d'énergie mais aussi la durée de vie et la réparabilité des produits. Sur le site de vente en ligne ManoMano, on pourra voir à partir du 26 avril combien de kilos de CO2 auront été émis dans toute la vie de 400 000 produits, un Carbon Score qui doit s'étendre à 70% du catalogue d'ici 2024 avec une méthodologie à terme en libre accès pour le reste du secteur.

Bricorama va de son côté lancer d'ici début mai un logo vert, « J'agis », sur 300 produits « parmi les plus forts en termes de consommation responsable », selon leur origine, leurs conditions de production ou encore leur robustesse, avec l'objectif d'atteindre jusqu'à 1.000 produits fin 2023. Tous ont bien compris que « la mise en place d'une stratégie écologique avec une vision », ainsi que l'appétence des jeunes pour le DIY (faire soi-même, NDLR), sont des « relais de croissance » pour le secteur, comme l'indique une étude du cabinet Asterès.

L'augmentation des ventes de produits spécifiques visant à mieux isoler les logements, source majeure d'émissions de gaz à effet de serre, ou à économiser eau et énergie prouve aussi un attrait grandissant pour le respect de l'environnement. La plupart des enseignes ont également créé des dispositifs de reconditionnement ou de seconde main et développé les services de conseil et de formation des particuliers. Mais, en matière d'affichage environnemental, le cabinet Asterès préconise un « label unique et des outils de mesure ».

Les critères retenus par les différentes enseignes suivent bien les recommandations de l'Ademe. Toutefois, malgré des discussions au sein de la Fédération des magasins de bricolage (FMB) avec l'agence de la transition écologique, les méthodologies sont aussi nombreuses que les enseignes, sans harmonisation alors que les produits sont souvent similaires.

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Non concernés par les différentes lois sur l'affichage environnemental, les magasins ont travaillé dans leur coin pour améliorer l'écoconception des produits et baisser leur empreinte globale. La loi ne les oblige pas à communiquer les résultats aux consommateurs mais le secteur a été rattrapé par la généralisation de l'affichage environnemental sur d'autres produits.

« Le consommateur est le même. Si on s'occupe de ce qu'il y a dans nos assiettes, on s'occupe de notre maison. Les clients ne vont pas attendre une loi pour demander de la transparence », explique Cécile Hebert, responsable RSE d'ITM Equipement de la Maison (Bricorama, Bricomarché, Brico Cash). Après les confinements qui ont fait bondir les ventes, le bricolage fait maintenant face, comme l'alimentation, à la baisse de pouvoir d'achat des clients.

« Malgré ce contexte inflationniste, il y a une tendance de fond sur l'envie de consommer responsable », précise toutefois Cécile Hebert, ajoutant que le groupe est ouvert aux discussions avec Leroy Merlin sur le Home Index. « C'est dans l'intérêt des consommateurs puisqu'on vend à peu près les mêmes produits. » D'autres préfèrent attendre une harmonisation: Castorama classe déjà ses produits en fonction de 250 critères de durabilité mais ne communique que sur une petite sélection « durable » en magasin sous le logo Bon+Bon. L'enseigne affiche également l'origine du bois utilisé dans ses articles.

« On commence à mener des analyses de cycle de vie sur des produits, ça nous permettra de répondre à la réglementation une fois qu'elle sera sur pied », affirme Anne-Virginie Dissard, directrice RSE de Kingfisher (Castorama, Brico Dépôt). « Pour que le consommateur s'y retrouve, il est essentiel d'avoir un système unique », confirme Jean-Luc Guéry, président de l'Association professionnelle des industriels du nouvel habitat, soulignant que la multiplication des indicateurs « risque de perdre » les clients. Selon lui, la réglementation sur l'affichage environnemental finira par s'appliquer et « nous devons, en filière, nous y préparer ».

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