Alors que les fermetures d'enseignes se sont multipliées ces derniers mois, le cas de Go Sport, en redressement judiciaire depuis janvier, sera examiné mardi 18 avril par le tribunal de commerce de Grenoble.
Le tribunal de commerce de Grenoble se penchera mardi 18 avril sur l'avenir de Go Sport, en redressement judiciaire depuis janvier. Il devra trancher entre une cession à un repreneur ou un « plan de continuation » proposé par son actuel propriétaire HPB, une des filiales de l'empire Ohayon, en pleine tourmente. Alors qu'une vingtaine de repreneurs se sont portés candidats à la reprise du distributeur d'articles sportifs, la holding Hermione People & Brands, détenue par l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon espère, en effet, garder la main.
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HPB a déjà tenté, en vain, de contrecarrer la décision de redressement judiciaire prononcée le 19 janvier par le tribunal de commerce. Son recours a été rejeté jeudi 13 avril par la cour d'appel de Grenoble, selon une source judiciaire.
Reste à savoir si son plan de continuation réussira à convaincre le tribunal, alors que le groupe Ohayon traverse une passe difficile. Après la liquidation de l'enseigne Camaïeu
(2 600 salariés) en septembre dernier, la holding de tête du groupe, la Financière immobilière bordelaise (FIB), s'est déclarée en cessation de paiement, l'enseigne Gap (350 salariés) a été placée en redressement judiciaire et 25 magasins Galeries Lafayette ont été mis en procédure de sauvegarde.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire pour « escroquerie en bande organisée, blanchiment habituel, banqueroute et abus de bien social », en prolongement d'une information ouverte à Grenoble à la suite de « plusieurs révélations de faits délictueux » signalés par les commissaires aux comptes de Go Sport.
Les 2 200 salariés du spécialiste d'articles sportifs, eux, s'inquiètent pour leur avenir. « La confiance avec Michel Ohayon est rompue. Nous préférons repartir avec des gens sérieux, qui savent gérer une affaire », a déclaré à l'AFP Christophe Lavalle, délégué Force ouvrière et membre du CSE de Go Sport. « Nous avons deux offres très sérieuses, avec une casse sociale limitée », souligne-t-il tout en se gardant de tout pronostic.
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En effet, deux des offres de reprise émergent du dossier que l'AFP a pu consulter au
greffe : celle du groupe Intersport France adossé à un consortium et celle du britannique Frasers via sa société Sports Direct.
Dans son offre, Frasers indique vouloir reprendre 117 salariés sur les 237 de Groupe Go Sport (siège), et 1 504 salariés sur les 1 618 salariés de Go Sport France (magasins), ainsi que 74 magasins, avec un investissement de « plus de 120 millions d'euros dans ce projet de reprise au cours des trois prochaines années ».
Les pratiques sociales de Sports Direct ont été vivement critiquées par le passé, en particulier en ce qui concerne les conditions de travail. L'opération de concentration doit, en outre, être analysée par l'Autorité de la concurrence, comme l'a indiqué l'institution dans un communiqué, début avril.
Intersport France, de son côté, présente une offre qui se veut « conjointe », mais « non solidaire », avec plusieurs sociétés : les magasins de chaussures Chaussea, l'entreprise britannique B&M France, qui avait racheté en 2018 les magasins discount Babou (devenus B&M), et une société qatari, Al Mana, qui exploite des magasins franchisés Go Sport dans plusieurs pays du Moyen-Orient.
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Le tribunal peut différencier cet ensemble d'offres au déroulé différent. Individuellement, Intersport France propose de reprendre 1 130 salariés et 48 magasins ainsi que la marque Endurance Shop, avec un investissement prévu de « près de 23 millions d'euros » dès la reprise « en fonds propre » et « des prêts bancaires pour plus de 30 millions d'euros ». Ensemble, les offres proposent de reprendre 1 240 salariés et 56 magasins. La marque Go Sport serait alors reprise par la société qatari. Chaussea et B&M reprendraient, chacun, quatre magasins et une cinquantaine de salariés.
D'autres repreneurs sont également sur les rangs : des entreprises locales, dont certaines franchisées sous l'enseigne Sport 2000, ou des groupes tels que Centrakor Stores, La Foir'Fouille ou même Lidl. Elles proposent des reprises partielles des actifs et des salariés de Go Sport. La société-mère Groupe Go Sport rassemble les activités du siège du distributeur, à Sassenage, près de Grenoble, et 46 magasins en master franchise à l'international. Sa filiale Go Sport France réunit 82 magasins intégrés, 87 magasins franchisés (Go Sport et Endurance Shop) ainsi que la vente en ligne.
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