Après la récession historique vécue en 2020 en raison de la crise sanitaire, l'économie française a nettement rebondi en 2021, avec une croissance de 7%. Du jamais vu depuis plus de 50 ans.
Après la récession historique subie en 2020 à cause de la crise sanitaire, l'économie française a nettement rebondi en 2021, avec une croissance de 7%, du jamais vu depuis 52 ans, et une activité qui a dépassé à la fin de l'année son niveau d'avant-crise. Cette première estimation, publiée vendredi 28 janvier par l'Insee, surpasse toutes les prévisions faites par les économistes, l'Institut de la statistique comme la Banque de France. La dernière fois que l'économie française avait fait mieux, c'était en 1969 juste après la crise provoquée par le mouvement de mai 1968.
Des mesures qui ont un prix
«C'est un rebond spectaculaire», qui «efface la crise économique» après une chute du PIB de 8% en 2020, s'est félicité le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur France 2. Au quatrième trimestre, l'activité «dépasse désormais nettement» son niveau d'avant-crise sanitaire, souligne l'Insee. «Cela prouve aussi que la politique économique du gouvernement est efficace», a ajouté le ministre. Au total, l'État aura encore dépensé l'an dernier un peu plus de 60 milliards d'euros, au prix d'un déficit public qui devrait encore avoisiner les 7% et d'une dette publique autour de 113%.
Cette croissance «est une bonne nouvelle pour notre économie, l'emploi et les comptes publics. Cela réduira encore le déficit», a réagi sur Twitter le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt. Avec une telle croissance, la France devrait signer une des meilleures performances de la zone Euro, à la mesure toutefois de l'ampleur du choc subi l'année précédente. Si l'économie française a connu une progression lente en début d'année, marquée par la troisième vague de l'épidémie et des restrictions encore importantes, elle a fortement accéléré à partir de l'été avec un ralentissement à 0,7% au dernier trimestre, au moment de la quatrième vague du Covid. Sur le front de l'emploi, la France a vu le nombre de chômeurs descendre à son plus bas niveau depuis près de dix ans au dernier trimestre, selon des chiffres publiés cette semaine.
Déséquilibres globaux
Du côté de la présidence française, on vante l'aide «massive» débloquée depuis le début de la crise et «les réformes structurelles, les choix parfois décriés mais qui se révèlent désormais efficaces, notamment les conditions favorables à l'investissement (...), les dispositifs en faveur de l'emploi». «C'est clairement un rebond très dynamique, on aurait difficilement pu l'espérer au début de l'année 2021», avance Charlotte de Montpellier, économiste chez ING. De là à dire que la crise est effacée? «On ne peut pas aller jusque-là. Et on voit que l'économie doit apprendre à vivre avec les déséquilibres globaux que le choc a engendré; l'inflation et les perturbations des chaînes de production», ajoute-t-elle.
Sur l'ensemble de l'année 2021 le PIB reste ainsi «1,6 % en deçà de son niveau moyen en 2019», précise l'Insee. Certains secteurs, comme le tourisme, les transports ou l'hôtellerie-restauration sont restés pénalisés par les restrictions. «La reprise a surtout été tirée par les dépenses publiques et l'investissement, ce dernier étant aussi lié aux aides de l'Etat comme les prêts garantis et le fonds de solidarité», rappelle à toutes fins utiles Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes. À moins de trois mois de l'élection présidentielle, les oppositions ont manifesté leur agacement devant la satisfaction affichée du gouvernement. Le candidat écologiste Yannick Jadot a pointé une croissance «inégalement répartie».
Le gouvernement table sur 4% en 2022
Pour 2022, le gouvernement table sur une croissance de 4%, quand la Banque de France prévoit 3,6%. Mais un des risques principaux pour l'économie française sera l'inflation, à 2,8% sur un an en décembre, poussée par l'énergie. Elle pourrait peser sur le pouvoir d'achat des ménages, freiner leur consommation, sans parler du risque social. Ces dernières semaines l'exécutif a déployé plus de 15 milliards d'euros pour en limiter ses effets et le sujet s'impose comme la première préoccupation des Français à quelques semaines de l'élection présidentielle.