Nicolas Gomarir a créé une marque de maillots de sport, Le Maillot Français, qui utilise des plastiques récupérés dans les océans. Engagé pour l’environnement, il l’est aussi pour la relocalisation textile en France.
A priori, rien ne destinait Nicolas Gomarir à devenir entrepreneur dans le textile. Après des études en sylviculture, il est devenu technicien à l’Office national des forêts, spécialisé dans la protection des essences méditerranéennes. Mais le quadragénaire a grandi dans les Pyrénées-Orientales, pays de rugby, et ce grand gabarit a lui-même tâté des terrains. En 2014, il a créé à Perpignan sa société de marquage textile, LCS, comme La Crémerie Sérigraphie, car son atelier était installé dans une ancienne crémerie. La rencontre avec la fondation Seaqual, qui transforme les déchets plastiques récupérés dans les mers européennes pour en faire du fil, lui a donné l’idée de lancer sa propre marque de maillots de sport écoconçus.
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Textile, sport, entrepreneuriat et écologie se sont trouvés réunis dans Le Maillot Français. L’entreprise produit aujourd’hui 2 500 maillots par mois, équipant des clubs amateurs dans les sports collectifs, la voile, le cyclisme. En 2023, le chef d’entreprise entame la construction d’une nouvelle manufacture de 2 000 m2 équipée en panneaux photovoltaïques, ainsi qu’un centre de formation aux métiers de la couture. L’équipe devrait ainsi passer de 38 à 60 personnes pour une ouverture prévue début 2024. Reconnu par le label Origine France Garantie, soutenu par le plan France Relance et la BPI, il mesure le chemin parcouru. « Il y a dix ans, quand je venais à Paris avec mon accent, on ne me prenait pas au sérieux. Je suis fier de montrer que les Pyrénées-Orientales, ce ne sont pas que des campings, il y a aussi des entreprises qui créent de l’attractivité », affirme Nicolas Gomarir.
Des forêts aux océans, sa conscience écologique s’est développée naturellement. « Par ma formation en botanique, je suis sensible à la biodiversité. Je ne pourrais pas travailler avec du tissu dérivé du pétrole. Mes produits sont traçables du déchet jusqu’à la livraison au client, en passant par l’usine de Seaqual basée à Barcelone, à 200 km de notre atelier de confection. Pour autant, je ne suis pas un extrémiste de l’écologie, à chacun de prendre conscience de ces enjeux à son rythme. »
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Pour l’heure, ce dirigeant impliqué dans la relocalisation textile est remonté contre l’appel d’offres du Comité d’organisation des JO 2024, qui favorise les fabricants étrangers pour la production des teeshirts sous licence. « Pourquoi octroyer des aides financières à des entreprises françaises sans les soutenir lorsqu’un marché aussi énorme que celui des Jeux olympiques s’ouvre à eux ?, souligne-t-il. C’est une aberration, alors que nous pouvons fabriquer en France en flux tendu avec une maîtrise des stocks qui permettrait de ne pas avoir de rupture sur les tailles et très peu d’invendus à la fin. » Décidément, le monde du sport aussi doit faire sa transition.