Washington a décidé d'abandonner le projet consistant à forcer le groupe chinois ByteDance à vendre les opérations américaines de la populaire application TikTok aux groupes Oracle et Walmart, rapportait mercredi 10 février le Wall Street Journal. La nouvelle administration de Joe Biden n'a toutefois pas encore finalisé la réponse qu'elle compte apporter à ce dossier, ajoute le journal, citant des sources anonymes. «Ce n'est pas vrai de suggérer qu'il y a (dans ce dossier) une nouvelle étape» franchie par l'administration Biden, a nuancé Jen Psaki, la porte-parole de la Maison Blanche lors d'un point presse.
Revue générale
«Si nous avons des annonces à faire, nous les ferons», a-t-elle poursuivi sans démentir l'information sur le fond. Elle a toutefois confirmé, comme le rapporte le Wall Street Journal, que le gouvernement était en train de passer en revue les efforts engagés par l'ancien président Donald Trump pour contrer les risques potentiels à la sécurité nationale posés par les compagnies technologiques chinoises, notamment pour ce qui est de la collecte des données d'utilisateurs américains. «C'est une revue générale qui s'étend au-delà de TikTok», a souligné Jen Psaki.
Dans cette optique, le gouvernement Biden a demandé à la justice américaine de suspendre l'examen d'un appel formulé fin décembre par l'administration précédente dans ce dossier tentaculaire, selon des documents judiciaires consultés par l'AFP. Des discussions se poursuivent entre ByteDance, la maison mère chinoise de TiktTok, et des responsables américains, affirme encore le Wall Street Journal. Elles portent sur la sécurité des données et les moyens d'éviter que les informations des abonnés américains de TikTok ne soient accessibles au gouvernement chinois. Tout accord sera différent de la solution envisagée en septembre par l'administration Trump, ont indiqué les sources au WSJ.
Approbation de Pékin
Estimant que TikTok faisait peser une menace sur la «sécurité nationale des Etats-Unis», l'administration Trump avait exigé que l’application de partage de vidéos passe sous pavillon américain. Donald Trump avait ainsi donné son accord de principe à une offre de ByteDance prévoyant qu'Oracle et Walmart prennent 20% des parts d'une société nommée TikTok Global, en charge des activités mondiales de la plateforme et dont le siège serait situé aux Etats-Unis. Mais des proches du président avaient estimé que les investisseurs américains devaient exercer un contrôle majoritaire sur la nouvelle entité.
La position de ByteDance avait par la suite évolué, le groupe proposant la création d'une société hébergeant ses activités américaines, ce qui laissait entendre qu'il serait prêt à abandonner sa majorité. Depuis, la bataille judiciaire continue puisque Washington a fait appel, fin décembre, d'une décision de justice empêchant le ministère du Commerce d'imposer à TikTok des restrictions, qui auraient abouti à l'interdiction du réseau social aux Etats-Unis. L'administration Biden a demandé à la cour d'appel mercredi de lui donner 60 jours pour étudier le dossier et voir si elle maintient la requête formulée par le gouvernement Trump. Tout accord que conclura ByteDance sera soumis à l'approbation de Pékin, qui impose des restrictions sur les exportations de technologies développées par des entreprises chinoises.