Le « confinement » n’est plus un mot. Il est devenu une émotion. Il a définitivement lâché prise avec sa définition. En témoigne le titre absurde du sondage pour Le Figaro et France Info : « Les Français approuvent l’idée d’un confinement mais pas les restrictions qui vont avec ». Que dirait-on si les Français aimaient faire du sport mais pas l’exercice physique ? S’ils aimaient cuisiner mais pas se faire à manger ? Ce que disent surtout les Français, en approuvant un confinement, c’est qu’ils veulent une solution. C’est leur désir d’en finir. Les mots peuvent vivre en dehors du sens qu’ils véhiculent. Et à trop tourner dans les toutes les bouches, ils tournent les têtes. La France a peur du confinement comme d’un gouffre obscur, alors qu’elle a déjà pourtant plus d’un pied dedans. La crainte est telle que le gouvernement use les épithètes pour en adoucir le goût, pour en sécher les larmes. « Confinement hybride », « confinement serré », « desserré », « resserré »… Il ne manque plus que les couleurs ! Et à chaque fois, il l’accompagne d’un lot de restrictions graduées, toujours vécues comme une massue ou comme un soulagement pour qui en réchappe. À l’heure où HEC veut créer des « leaders de sens », sorte de guide spirituel du nouveau monde, peut-être devrait-on d’abord apprendre à retravailler nos rapports aux mots. Les vider de leurs émotions, pour en discuter des sens. Et si on commençait par le mot « sens » ?