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Les deux sociétés de transport ont finalement obtenu un sursis par la cour californienne pour requalifier leurs chauffeurs en salariés. Lyft avait même menacé de fermer boutique jeudi 20 août.

La cour californienne qui avait donné jusqu'à vendredi 21 août à Uber et son rival américain Lyft pour requalifier le statut des conducteurs en employés en Californie leur a accordé un nouveau délai, jeudi 20 août, le temps de résoudre la bataille judiciaire en cours. Cette bataille est cruciale pour le modèle de la «gig economy», ce qu’on appelle l’économie à la tâche. Elles avaient jusqu’à minuit pour se mettre en conformité.

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La loi AB5, entrée en vigueur le 1er janvier 2020, a été rédigée en Californie avec en ligne de mire les deux plateformes, afin de les forcer à accorder des avantages sociaux (assurances maladie et chômage, heures supplémentaires, etc) à leurs dizaines de milliers de chauffeurs californiens, considérés comme des travailleurs indépendants. Mais les deux sociétés, touchées fortement par la crise sanitaire, avec une forte baisse des trajets, n’ont pas changé leur politique d’un iota. Uber et Lyft assurent de leur côté, référendum à l’appui, que l'écrasante majorité des conducteurs (4 sur 5) préfère le modèle l’économie à la tâche, pour la flexibilité de l'emploi du temps, notamment. Les deux sociétés basées à San Francisco ont dépensé des dizaines de millions de dollars pour organiser début novembre 2019 un référendum appelant les citoyens de l'État à soutenir leur «Proposition 22», un compromis qui garantirait la flexibilité et certains avantages sociaux aux conducteurs indépendants. Mais outre ces chiffres, passer les conducteurs en salariées reviendrait à revoir totalement leur modèle économique.

Pause 

Les deux sociétés avaient menacé de suspendre totalement leurs services à partir de la date fatidique. Si les chauffeurs deviennent des salariés, «les passagers auront un service réduit, surtout dans les banlieues et zones rurales», et les prix des courses augmenteront, argumente Lyft dans un post de blog. «80% des chauffeurs perdront du travail et les autres auront des vacations avec des horaires, et des revenus à l'heure plafonnés». La société a de plus fait valoir qu'elle n'a pas le choix, parce qu'un changement de statut «nécessiterait une refonte complète du modèle économique - ce n'est pas un interrupteur qui peut être basculé en une nuit». Finalement, la Cour a accordé un délai supplémentaire avant l’interdiction.

«La cour a accepté notre requête de prolonger le délai, donc notre service continue sans interruption, pour l'instant», a indiqué Lyft sur son blog. La cour d'appel a en effet mis en pause l'ordre donné par le tribunal il y a dix jours, qui intimait aux deux plateformes de requalifier le statut des conducteurs en salariés d'ici vendredi dans l'État le plus peuplé et le plus riche des États-Unis. «Nous sommes contents que la cour ait reconnu l'importance des questions soulevées dans cette affaire, et que ces services essentiels ne soient pas interrompus pendant que nous continuons de défendre la capacité des chauffeurs à travailler avec la liberté qu'ils veulent», a réagi un porte-parole d'Uber.

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