Automobile
L'italien de 52 ans, expert en marketing et ancien directeur de Seat, a été nommé directeur général de Renault, succédant à Thierry Bolloré. Il prendra ses fonctions le 1er juillet.

Renault a recruté l'ancien patron de Seat (groupe Volkswagen) Luca de Meo comme directeur général pour tenter de se relancer et donner un nouveau souffle à son alliance avec Nissan et Mitsubishi Motors, après une année de crise. Le conseil d'administration réuni mardi 28 janvier après-midi au siège du groupe à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a décidé de confier la direction opérationnelle de Renault à cet Italien de 52 ans, à compter du 1er juillet.

Lié à Volkswagen par une clause de non concurrence, il n'a pas été en mesure de prendre ses fonctions plus tôt. La directrice financière Clotilde Delbos, qui assure la direction générale par intérim depuis le mois d'octobre, a par ailleurs été nommée directrice générale adjointe, également à compter du 1er juillet.

De gros chantiers attendent Luca de Meo, dirigeant polyglotte et parfaitement francophone. Le président du conseil d'administration, Jean-Dominique Senard, compte sur lui pour donner un nouveau souffle à une entreprise ébranlée par les soubresauts de l'affaire Carlos Ghosn, l'ancien patron du groupe arrivé fin décembre au Liban pour fuir la justice japonaise qui devait le juger pour diverses malversations.

«Je me réjouis de cette nouvelle gouvernance qui marque une étape décisive pour le groupe et l'Alliance. Luca de Meo est un grand stratège et visionnaire d'un monde automobile en pleine mutation», a déclaré Jean-Dominique Senard, cité dans un communiqué de Renault. «Son expertise, mais aussi sa passion pour l'automobile font de lui un véritable atout pour le groupe.» «Je me réjouis de la décision du conseil d'administration de Renault d'avoir nommé Luca de Meo», a de son côté réagi le patron de Nissan, Makoto Uchida, cité dans un communiqué. «Nous sommes tous impatients de travailler en étroite collaboration avec lui et nos partenaires de l'Alliance dans nos efforts pour soutenir mutuellement une croissance durable», a-t-il ajouté. Nissan dit «considérer l'Alliance comme essentielle à la reprise de ses performances».

Faire monter en gamme la marque

Luca de Meo, expert en marketing qui a fait toute sa carrière dans l'automobile, a redressé Seat dont il avait pris la direction en 2015 après avoir piloté les ventes du constructeur allemand Audi. La marque espagnole, moribonde il y a quatre ans, a battu l'an dernier un record historique de ventes.

Les administrateurs de Renault avaient décidé en octobre de démettre de ses fonctions le directeur général Thierry Bolloré, dont les performances et le style de management, réputé autoritaire, étaient mis en cause. Luca de Meo devra notamment redresser en Europe l'activité de la marque au losange qui doit monter en gamme pour se distinguer davantage de sa filiale roumaine low-cost Dacia.

Renault est au plus mal en Bourse. L'action a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis l'arrestation de Carlos Ghosn en novembre 2018, signe de la défiance des investisseurs après une année de crise entre le constructeur français et son allié Nissan. Jean-Dominique Senard, qui a pris les commandes de Renault en pleine tempête l'an dernier, tente de convaincre qu'une refondation du partenariat franco-japonais est engagée alors que la rumeur d'un possible divorce a circulé. La santé de la coopération avec Nissan, dont Renault détient 44% et qui détient en retour 15% de Renault, est jugée cruciale pour la capacité du constructeur français à affronter les bouleversements technologiques en cours dans l'industrie automobile.

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L'électrification, les fonctions de conduite autonome et la connectivité des véhicules nécessitent des investissements massifs et donc une taille critique pour pouvoir les amortir sur de longues séries. Avec Mitsubishi, dont Nissan détient 34%, l'alliance franco-japonaise se hisse au troisième rang mondial des constructeurs automobiles par les volumes vendus, derrière l'allemand Volkswagen et le japonais Toyota, mais avec une rentabilité bien moindre, faute jusqu'ici de synergies suffisantes.

«80% de cette alliance est devant nous et pas derrière», a récemment affirmé Jean-Dominique Senard, alors qu'un renouvellement des équipes de direction a été effectué chez Renault comme au sein de Nissan. Une réunion des dirigeants de l'alliance est prévue jeudi 30 janvier au siège du constructeur japonais, à Yokohama. Des décisions sont attendues sur des projets concrets comme le développement de véhicules en commun.

«La nomination de Luca de Meo est une excellente nouvelle», a réagi mardi soir le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire. «Avec cette nomination et celle d'une nouvelle équipe dirigeante chez Nissan en fin d'année dernière, ainsi que l'annonce prochaine de nouveaux projets industriels entre Renault, Nissan et Mitsubishi, l'Alliance est désormais relancée dans une logique conquérante», a-t-il estimé.

 

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