Arrivé cet été à la tête de Carrefour, Alexandre Bompard annonce ce mardi un « plan de transformation » du géant de la distribution, contraint d'amorcer un virage stratégique qui pourrait entraîner de fortes réductions d'effectifs. Baptisé plan « Carrefour 2022 », le programme prévoit notamment 2 400 suppressions de postes dans les sièges du groupe en France, qui compte 10 500 personnes, via un plan de départs volontaires.
Alexandre Bompard a par ailleurs annoncé une réduction des coûts de deux milliards d'euros dès 2020 en année pleine, notamment via des économies sur la logistique et les coûts de structure. Le plan prévoit aussi une réduction de 273 magasins anciennement Dia mais passés sous sa propre enseigne.
Cap vers le numérique
« Carrefour 2022 » prévoit également 2,8 milliards d'euros d'investissements sur cinq ans pour accélérer la stratégie numérique du groupe et le développement de ses ventes via tous les canaux possibles. Le PDG doit relever deux défis de taille: « gérer l'héritage » des hypermarchés, issus de la précédente révolution commerciale, celle des années 1960, et leur « apporter les nouveautés » de l'ère numérique, afin d'entrer « dans le commerce du XXIe siècle », analyse Philippe Moati, co-président de l'Observatoire Société et Consommation (L'ObSoCo).
Avec 12.300 magasins sous enseigne dans le monde et 374.478 collaborateurs, le géant français de la distribution, qui était encore en 2001 n°2 mondial du secteur derrière l'intouchable groupe américain Wal-Mart, occupe désormais la 9e place, dépassé par Amazon (6e), selon le baromètre annuel du cabinet Deloitte.
Mais c'est en France, qui représente près de la moitié du chiffre d'affaires total du groupe (88,24 milliards d'euros) avec ses 115.000 personnes, que Carrefour est le plus exposé.
Cap vers le bio
Autre piste évoquée : accélérer dans le bio, ainsi que le commerce en ligne et de proximité. Carrefour s'est ainsi fixé un objectif de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le commerce en ligne alimentaire et une part de marché supérieure à 20% en France d'ici à 2022. L’enseigne veut également presque quadrupler son chiffre d'affaires dans le bio à 5 milliards d'euros en 2022, et ouvrir au moins 2.000 magasins de proximité dans les cinq prochaines années.
Accords en Chine
Concernant l’international, le géant de l'internet chinois Tencent et la chaîne de supermarchés chinoise Yonghui s'apprêtent à entrer au capital de la filiale de Carrefour en Chine, selon un accord préliminaire signé entre les trois partenaires. « Carrefour a signé un protocole d'accord avec Tencent et Yonghui pour un investissement potentiel dans Carrefour Chine », selon un communiqué du groupe français qui précise qu'il restera le premier actionnaire de sa filiale en Chine.
Les détails de l'opération, encore à un stade préliminaire, ne seront connus qu'en cas d'accord définitif. En parallèle, Carrefour et Tencent ont annoncé la signature d'un « protocole d'accord de coopération stratégique en Chine », l'objectif étant de mettre en commun l'expertise de Carrefour dans la distribution avec le savoir-faire technologique de Tencent, géant des réseaux sociaux en Chine.