Avec une cinquantaine de personnes, les équipes Web de François Hollande et du Parti socialiste comptent parmi «les plus importantes d'Europe», rapporte l'activiste numérique Romain Pigenel, interviewé sur le blog de L'Express «Yes they can». Le dimanche 22 janvier, c'est lui qui couvrait sur la Toile le meeting du Bourget du candidat PS. Le staff qui s'apprête à lancer le site Toushollande.fr est par ailleurs conseillé par les fondateurs de la société Blue State Digital, à l'œuvre en 2008 sur la campagne Web d'Obama. Mais ces atouts n'empêchent ni les faux pas ni les déceptions.
Le 27 janvier, lors d'un débat sur la place du Web social dans la campagne présidentielle 2012, organisé par l'agence de relations publics I&E, professionnels et directeurs de «think tanks» sont revenus sur ce sentiment. «On pensait, après le succès d'Obama, qu'Internet allait jouer un rôle nouveau en 2012. Mais il ne fait avancer ni la production d'idées, ni l'intelligence collective, ni la démocratie participative. C'est un outil de communication de plus, le règne de Twitter et de la petite phrase choc», a commenté Maxime Drouet, responsable du pôle digital chez I&E.
Les participants ont également souligné le peu d'engouement des Français pour les plates-formes Internet des partis politiques et leurs réseaux sociaux. Tout en pointant du doigt la faiblesse des contenus, notamment la vidéo de campagne de François Hollande avec une gestuelle censée illustrer le changement et qui a été étrillée par les internautes. «Finalement, ce sont les partis d'extrême gauche et d'extrême droite qui s'en sortent le mieux côté communication digitale», a analysé Marylin Jacobière, consultante digitale chez Weber Shandwick.
Des candidats peu préoccupés par le numérique
Pour Pierre Guillou, spécialiste de stratégie en Web politique, si les Français ne sont pas réceptifs et si Twittter ne touche qu'une petite élite d'experts, c'est la faute aux candidats eux-mêmes, qui n'accordent pas au sujet du numérique la place qu'il mérite. «Ses enjeux culturels et économiques ne sont absolument pas mis en avant dans les programmes», explique-t-il. Affaire, peut-être aussi, d'intérêt pour ce nouveau média. Ainsi François Hollande, plutôt frileux à l'idée d'être interviewé par un blogueur, a avoué sur le plateau du Grand Journal de Canal+ qu'il ne rédigeait pas lui-même les tweets diffusés en son nom. Pour conclure, l'assistance a rappelé que le Web ne saurait remplacer les idées. Et si c'était tout simplement la campagne qui était décevante?