Ce sera le grand événement people de l'année 2011, et une bonne occasion pour la monarchie britannique de redorer son blason après deux décennies difficiles. Ce n'est pas un hasard si la création de sa page Facebook (www.facebook.com/TheBritishMonarchy) est intervenue une dizaine de jours avant l'annonce officielle, le 16 novembre, du mariage du prince William et de Kate Middleton, prévu le 29 avril 2011.
Malgré la crise qui l'a amené à réduire drastiquement ses dépenses, Buckingham Palace fera les choses en grand, et même en très grand pour le mariage royal. Il s'agit de tourner la page Diana (dont aucune photo n'apparaît sur les sites de la Couronne), et plus encore celle du prince Charles et de sa deuxième épouse Camilla, dont la popularité est à l'inverse de celle de feu Lady Di. Selon un récent sondage, deux tiers des Britanniques souhaitent d'ailleurs que William succède à Élisabeth II sur le trône à la place de son père Charles. La monarchie britannique veut donc profiter de l'occasion unique offerte par le sémillant prince héritier pour marquer les esprits.
Outre Facebook, des comptes Twitter et You Tube ont été créés, permettant de suivre en temps réel les faits et gestes des membres de la famille royale: inaugurations, commémorations, engagements sociaux. Le but est de montrer que la Couronne est à la fois au-dessus des citoyens et à l'écoute de leurs problèmes, hors du temps et consciente du quotidien, cérémonieuse sans être guindée, fastueuse sans être immodeste. En somme, toute une éducation et toute une forme de communication à réinventer à l'heure des réseaux sociaux, qui permettent pour la première fois à tout un chacun de commenter (et de critiquer) en direct ou presque les faits et gestes de la monarchie.
Peu de censure
Sans surprise, le futur mariage du fils de Diana et de «Pretty Kate» suscite globalement des commentaires bienveillants, voire émerveillés. La machine à glorifier-harceler-pourchasser la princesse fonctionne mieux que jamais. Mais Élisabeth II reste à l'honneur, avec des commentaires la plupart du temps positifs. Des centaines de messages ressemblant à «Quelle vie intéressante elle a», «Dieu bénisse cette si gracieuse reine», «J'adore ses chapeaux. Elle est géniale», etc. Désormais, ce sont les internautes qui content la légende royale.
Mais le fait marquant est que l'administrateur ne censure pas ou peu les commentaires. Des républicains parfois acerbes trouvent ainsi sur Facebook ou Twitter une parfaite tribune pour présenter, parfois longuement et brillamment, leurs réflexions sur un monde moderne et juste.
À noter que les robes au tons vifs, voire criards de la reine ont le double avantage de permettre de la repérer sur l'écran en une demi-seconde et de donner un ton plutôt coloré et festif à l'ensemble. La Couronne britannique, qui s'est mise tardivement à Internet, n'a pas voulu cette fois manquer l'étape des réseaux sociaux. La marche nuptiale du mois d'avril devrait lui permettre de marquer des points.