Le roi espagnol de la mode à petit prix se lance dans le commerce sur la Toile, alors que ses concurrents y sont déjà bien implantés.

Après l'américain Gap et le suédois H&M, présents sur Internet depuis 1998, Zara ouvrira le 2 septembre son tout premier site d'e-commerce, conçu en interne. Le spécialiste espagnol de la mode à petit prix dernier arrivé sur le Web? Étonnant pour une enseigne qui a fait de la rapidité sa marque de fabrique, avec des rayons renouvelés toutes les deux semaines.

La marque phare du leader mondial de vêtements Inditex semble avoir attendu que les ventes de vêtements décollent sur Internet: en 2009, elles ne représentaient que 2,5% du chiffre d'affaires du commerce électronique en Espagne et 5,6% en France. Mais, selon un récent sondage de Nielsen réalisé dans 55 pays, les vêtements sont désormais le deuxième type de produits achetés en ligne par les internautes, après les livres et devant les billets d'avion. En Grande-Bretagne, près de 10% des achats textiles se font déjà sur le Web.

«Inditex, qui commercialise Zara Home en ligne depuis 2007, considère que c'est le bon moment de se lancer dans l'e-commerce», indique, sans plus de précisions, le porte-parole de la marque en Espagne. «Auparavant, plusieurs freins existaient, notamment l'essayage, impossible dans ces boutiques virtuelles», complète Nathalie Gennérat, consultante à l'Institut français de la mode. «Il y avait aussi la question des frais d'envoi et des possibilités de retour, ajoute Jacqueline Anderson, analyste au cabinet Forrester. Désormais, les entreprises font plus attention, offrant le port à partir d'un certain montant ou facilitant l'échange.»

Prix identiques

Zara ne pouvait plus, quoi qu'il en soit, regarder passer les trains, quand ses concurrents donnent un sérieux coup d'accélérateur à leurs investissements sur Internet. Ainsi Gap a-t-il étendu le 12 août les livraisons de sa boutique en ligne à 55 pays, en plus des États-Unis. Et vise les 65 pays d'ici à fin 2010.

H&M, de son côté, attaquera le 16 septembre un autre marché majeur: le Royaume-Uni. Il est d'ores et déjà présent dans 7 pays dont l'Allemagne. Quant à la marque espagnole Mango, en ligne depuis 2000, elle prévoit de démultiplier sa part de revenus sur Internet d'ici à trois ans. Il faut dire qu'en 2009, elle ne tirait qu'1% de ses revenus de ce canal.

Zara, dont l'arrivée en ligne est un événement très attendu, affirme «vouloir reproduire sur Internet l'expérience d'achat dans ses boutiques» avec 100% des produits disponibles au même prix qu'en magasin physique. Le site sera déployé dans les 77 pays où la marque est présente, à commencer par l'Europe (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Portugal). Les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud sont prévus pour 2011.

Inditex assure que le site, également accessible sur téléphone mobile (Iphone et Ipad), «n'entraînera pas de cannibalisation» des magasins, mais bien des «ventes additionnelles».


Encadré

 

4,4 millions de fans sur Facebook

Aucune campagne de publicité n'est envisagée pour lancer le site d'e-commerce de Zara. Mais la marque a préparé le terrain sur la Toile: sa page Facebook, lancée en 2009, compte 4,4 millions de fans. Son application Iphone, qui présente ses modèles, a été téléchargée 2 millions de fois. Et son site corporate Zara.com a reçu 33,5 millions de visites en 2009. Un bon début.

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