Alors que le Salon de l'agriculture bat son plein à Paris (27 février-7 mars), une étude Ifop pour l'édition du 28 février d'Ouest-France témoigne de la bonne image retrouvée des agriculteurs dans le cœur des Français. «En raison de la crise laitière et de ses épisodes violents, les agriculteurs avaient subi un décrochage dans notre baromètre d'image du mois de juin 2009, souligne Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinions de l'Ifop. Désormais, la "ferme France" a retrouvé sa cote d'amour de l'an dernier à la même époque.» Seuls 15% des Français pensent ainsi que les agriculteurs sont violents (contre 28% l'an dernier), soit le meilleur score enregistré depuis 1999.
Plus des trois quarts des consommateurs interrogés (79%) affirment faire confiance aux agriculteurs, contre 68% en juin 2009. Une performance remarquable alors que la défiance persiste envers l'industrie agroalimentaire et la grande distribution. «À titre de comparaison, dans un autre registre, la confiance envers les hommes politiques se situe dans une fourchette comprise entre 25% et 30%», note Jérôme Fourquet.
Profession sous surveillance
La progression est encore plus forte dans le domaine de la santé. Pour 69% des Français, les producteurs sont respectueux de la santé publique, soit une augmentation de 16 points par rapport au précédent baromètre (53%). Un succès qui n'est pas définitivement acquis. «La moindre crise sanitaire fait resurgir des doutes et des angoisses, analyse Jérôme Fourquet. Les agriculteurs demeurent sur la brèche, car la vache folle, le poulet aux hormones ou les pesticides ont créé des réflexes de crainte conditionnés. Cette profession a cependant fait de nombreux efforts (labels, appellations contrôlées et filières courtes du producteur au consommateur) dont les Français sont conscients.»
Il existe toutefois un découplage entre la confiance accordée (79%) et la perception du respect de l'environnement par les agriculteurs (55%). «Sur ce plan, les agriculteurs sont sous surveillance de la part de l'opinion publique», observe Jérôme Fourquet. À la fin de l'année dernière, un événement a mis en évidence le caractère épineux de cette question. Les méfaits des algues vertes en Bretagne ont été attribués au modèle intensif de l'agriculture de cette région, notamment en raison d'un excès de nitrates. «Les agriculteurs doivent répondre à l'enjeu environnemental, alors que leur profession est en crise et que certains sont même au bord de la faillite», souligne Jérôme Fourquet.