Dossier EMPLOI ET FORMATION

La communication est un secteur porteur d’emplois mais qui est toujours confronté à des difficultés de recrutement. Stratégies fait le point avec des professionnels de la question sur les plateformes plébiscitées et les profils recherchés. Un article également disponible en version audio.

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La com recrute ! « Dans le secteur de la publicité, une entreprise sur deux projette de recruter », énonce Jack Aubert, directeur général adjoint de l’Afdas, qui cite la première étude annuelle de l’opérateur de compétences (Opco) sur le sujet, publiée en mai dernier. « Nos secteurs d’activité (culture, communication, médias, loisirs et sport) sont, en général, assez mal couverts par les études nationales puisqu’ils sont assez restreints avec beaucoup de métiers différents. Nous avions besoin d’une étude complémentaire tenant compte de leurs spécificités », explique-t-il.

Menée par le cabinet Sauléa, cette nouvelle étude de l’Afdas montre que le secteur publicitaire est pourvoyeur d’emplois. Parmi les entreprises sans projet d’embauche, la plupart (62 %) ont tout de même procédé à un recrutement au cours des douze derniers mois. Qu’est-ce qui motive les recrutements ? Dans la plupart des cas (51 %), il s’agit pour les entreprises de développer une activité existante ; dans 23 % des cas, de remplacer des départs ; dans 15 % des cas, de développer de nouvelles activités et, enfin, dans 10 % des cas, de trouver du renfort pour faire face à un accroissement ponctuel de l’activité.

Pour leurs recrutements, les entreprises envisagent avant tout des contrats en CDI (87 %), contre seulement 3 % de CDD. « Cela démontre une stabilité de l’emploi dans la publicité. Il y a aussi une entrée sur le marché via les contrats d’apprentissage (8 %) et de professionnalisation (1 %), souligne Jack Aubert. En termes de besoins et de compétences, les métiers commerciaux sont les premiers emplois à pourvoir dans le top 10, largement devant la chefferie de projet, la direction de clientèle et le graphisme. »

D’après l’Onisep (Office national d’information sur les enseignements et les professions), 244 000 personnes travaillent dans la filière communication et 40 % des postes sont basés en Île-de-France. Ils émanent principalement des agences. Et pour avoir vent des offres d’emploi, les candidats ont intérêt à rester à l’affût des annonces en ligne et sur les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn, grâce auxquels se réalisent respectivement 20 % et 17 % des embauches, d’après l’Afdas.

Les réseaux de l’employeur (12 %) et ceux des salariés (10 %) sont les deux autres grands canaux de recrutement. Sont ensuite cités, à parts égales, les ouvertures de postes en interne, les agences de recrutement, les intermédiaires de l’emploi (France Travail, Mission locale, Cap emploi…), les candidatures spontanées et, enfin, les réseaux d’écoles ou d’organismes de formation.

Malgré son dynamisme, le secteur de la communication peine à trouver des candidats. « Plus de 80 % des recrutements sont jugés difficiles par les entreprises, particulièrement par les plus grandes (plus de 50 salariés), poursuit Jack Aubert, avec une perte d’attractivité du secteur (difficulté à attirer les jeunes, tension globale du marché du travail…). » L’étude pointe une inadéquation des profils (22 %), des exigences salariales trop élevées (18 %), des candidatures reçues peu nombreuses (17 %) ou encore la concurrence des autres entreprises (16 %). Jack Aubert mentionne également, pour le secteur événementiel, le rythme soutenu avec des horaires le soir et le week-end.

Chasseurs de têtes

Pour contourner les difficultés de recrutement, de grandes entreprises s’en remettent à des chasseurs de têtes. Grégory Marande est l’un d’eux : en 2021, il a fondé un cabinet spécialisé dans les profils de créatifs, communicants ou experts marketing pour les secteurs du luxe, de la beauté, de la mode, du design, de la publicité et du retail, avec des clients comme McCann, Publicis, LVMH, Diptyque, Kering, Adidas ou encore Decathlon. Depuis quinze ans, il observe l’évolution des demandes de ses clients avec « l’éclosion du digital », souligne-t-il.

« L’enjeu de visibilité pour une marque de luxe n’est plus seulement d’acheter une pleine page dans Elle, la communication est devenue plus globale et digitale avec les réseaux sociaux », résume-t-il. Des nouveaux métiers ont ainsi fait leur apparition comme social media manager ou data analyst. On demande aux professionnels d’être à la fois polyvalents, axés performance, et à la fois spécialisés dans des domaines comme le marketing d’influence, le content marketing ou l’UX/UI design.

Grégory Marande « chasse rarement des professionnels en dessous de cinq ou six ans d’expérience, prévient-il, souvent pour des gros postes ». Il a plus d’un tiers de ces postes « en exclusivité », c’est-à-dire qu’aucune annonce n’a été publiée. Il travaille simultanément sur une dizaine de dossiers pour lesquels la phase de recrutement (repérage et entretiens) peut prendre de deux à cinq mois, voire plus en fonction de la requête. « J’ai un réseau de contacts car je suis tout le temps en veille, y compris pour des postes que je n’ai pas encore », éclaire-t-il. Grégory Marande repère ainsi 20 à 25 candidats, en rencontre une dizaine et en présente, en général, trois à son client.

LinkedIn comme terrain de prédilection

« Je suis les trajectoires de professionnels sur plusieurs années, poursuit-il. J’avais par exemple identifié un étudiant d’une école de design à Pune, en Inde, et j’ai placé ce créatif huit ans plus tard. » Comment se faire repérer par un chasseur de têtes ? Son terrain de prédilection n’est autre que LinkedIn. « Souvent, j’identifie des profils sur ce réseau social, en particulier les créatifs qui ont remporté des Lions ou des Pentawards », dévoile-t-il. Le chasseur de têtes préconise aux professionnels d’entrer le plus possible dans le détail sur leur page LinkedIn et, surtout, de la tenir à jour.

« Il est aussi possible de contacter directement des cabinets de recrutement afin de figurer dans leurs CVthèques », conseille-t-il. Quant aux qualités et compétences, outre les soft skills, « il est attendu des candidats une curiosité et une capacité à s’inspirer des entreprises de secteurs connexes. Les entreprises peuvent d’ailleurs être tentées d’aller chercher des talents issus d’autres univers », ajoute cet expert, qui a récemment recherché des profils en France, compétents en matière de médias sociaux et relations presse, pour une marque sud-américaine de beauté.

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