Omniprésent pendant les JO, avec notamment la fourniture des tenues des 45 000 volontaires mobilisés ou des parapluies pour s’abriter lors de la cérémonie d’ouverture, Decathlon entend également occuper le terrain pendant les Jeux paralympiques, mais différemment.

Comme un retour aux sources… Virginie Sainte-Rose, qui a commencé sa carrière comme journaliste à L’Équipe, est en charge depuis trois ans de la « team JOP » de Decathlon, comprendre l’équipe maison dédiée aux Jeux olympiques et paralympiques, avec entre 30 et 40 collaborateurs impliqués, selon le stade de développement. S’il n’y a plus de playground à la Villette pendant les Jeux paralympiques, la directrice du partenariat Paris 2024 s’investit pour porter haut la marque dans l’univers du handicap.

Decathlon s’est investi dans l’équipement des 45 000 volontaires des JO. Qu’en est-il aujourd’hui, avec les Jeux paralympiques ?

Virginie Sainte-Rose. L’accueil des volontaires est maintenu, avec notre centre de distribution dans Paris, jusqu’à la fin des paralympiques. Ils sont environ 15 000. L’ensemble portera l’uniforme designé par nos stylistes – la panoplie se compose de quinze pièces emblématiques. À souligner aussi qu’alors que 335 de nos collaborateurs se sont portés volontaires aux JO, 50 le sont aussi sur les paralympiques. Par ailleurs, Decathlon est mobilisé sur l’opération VitalSport. Une quarantaine de magasins sont impliqués, avec la rentrée des clubs installés sur les parkings. Avec l’opportunité de tester des pratiques sportives. Un gros dispositif qui attire quelque 400 000 personnes. Il est important d’enfoncer le clou et de systématiser l’offre des para-sports. Une tonalité que l’on a insufflée depuis trois ou quatre ans. Aussi, cette manifestation qui s’étale sur un week-end – les 30 août et 1er septembre – n’est-elle pas décorrélée des « para ». On est allé récupérer des éléments sur le playground des JO qui vont « pimper » les VitalSport. On travaille le sujet depuis 2018. Et parce que les Jeux se sont bien passés, cela va être de même pour les « para ».

Quel a été le point de départ du focus fait par Decathlon sur le para-sport ?

La visite dans l’un de nos magasins à Milan de Jacopo Geninazzi, alors capitaine de l’équipe basket fauteuil d’Italie. « Je ne trouve pas suffisamment de produits adaptés dans votre offre », avait-t-il fait savoir. On part des besoins des clients. Donc, un premier pôle de réflexion a été créé d’abord sur le marché italien, puis on a essaimé en Europe. On a commencé par des accessoires et du textile. Et on a réfléchi au fauteuil, adaptable, à un prix inférieur de 30 % à 40 % du marché. L’activation du produit en para-sport ne se joue pas 11 jours tous les quatre ans, dans notre enseigne, mais tous les jours de l’année.

Une attention que vous avez élargi à des articles de la marque…

Oui, on travaille aussi sur une chaussure adaptable, facile à mettre, avec une problématique de pieds gonflés en fin de journée. Ramener le temps passé à mettre les chaussures de 20 à 5 minutes… ce n’est pas rien. L’un des principaux freins de l’abandon du sport est, précisément, de ne pas avoir le bon matériel. Le sport ne doit pas être réservé aux valides. La raison d’être de Decathlon est « move people through the wonders of sports ». People, c’est tout le monde, c’est chacun, quel que soit son niveau, ses incapacités physiques…. D’où le travail aussi sur un survêtement universel, doté de son côté pratique, mais très stylé, pour le « street work out ». On est dans la démarche d’aller chercher ces sportifs, de leur permettre d’accéder aux sports. La commercialisation des fauteuils, personnalisables, réglables, pour les ajuster et répondre à des besoins spécifiques, est en ligne depuis septembre 2022. Et la première offre textile depuis début 2023.

Mais, quand on est l’enseigne préférée des Français depuis deux ans (classement cabinet OC & C paru dans LSA), est-ce que cela vaut le coup de faire autant d’efforts ?

On avait envie de changer de paradigme quant à la perception de notre enseigne. On ne propose pas des produits achetés sur étagère. Notre grande singularité : l’offre de produits complètement exclusifs. Nous ne sommes pas que des vendeurs. Nous sommes uniques, avec la conception de produits, puis la distribution. Il y a assez peu de modèles de ce genre. Même si le job est fait en France, si les Français ont une bonne image de notre enseigne, je ne suis pas pour me reposer sur nos lauriers. Il y a un challenge. Concepteur et distributeur, je ne pense pas que cela soit acquis dans la jeune génération. On a sondé nos jeunes. On est une marque multisport, pas juste des vendeurs. Il y a un déficit d’image à l’international sur la conception. À nous de la mettre en exergue.

Percevez-vous déjà des retombées en termes de notoriété à l’étranger, justement ?

J’ai vu nos bobs en vente sur e-bay à 400 dollars. Il y a tout un travail pour faire fructifier cette notoriété. Mais, déjà, on voit les interviews nombreuses de médias issus d’Asie. Ils sont venus sur le centre de distribution, par exemple, pour voir le processus… Taiwan, Chine, Indonésie… cela fait énormément d’articles. À peu près 70 interview accordées. Heureusement, je ne suis pas le seul vecteur de communication…

Trois questions à Laure Cottereau, responsable qualité de vie au travail et de la mission handicap chez Decathlon France

Est-il facile de tendre vers les 6 % d’emplois occupés par des collaborateurs en situation de handicap ?

Aujourd’hui, le taux d’emploi des travailleurs handicapés est de 4,41 %. Il était de 3,82 %, il y a cinq ans. Peur d’être cataloguées, impact dans la vie personnelle, perte d’évolution professionnelle… de nombreux freins restent à soulever pour que les personnes en situation de handicap osent se dévoiler ou entreprendre les démarches. Le handicap au travail est mal connu car les personnes touchées par des problèmes de santé (maladies chroniques, invalidantes…) ne font pas le lien avec le handicap. Le manque de formations, de diplômes pour les personnes en situation de handicap est aussi une difficulté, notamment pour les métiers supports.

Les personnes en situation de handicap ont-elles le réflexe Decathlon pour postuler ?

Nous avons des partenariats avec l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), Handicap.fr, Coline. care qui relaient toutes nos offres de recrutement. Les personnes en situation de handicap osent postuler sur les métiers du retail et de la logistique, c’est plus dur en services supports (conception, comptabilité, administration…). Nous recevons environ 6000 candidatures par an spécifiquement de collaborateurs potentiels en situation de handicap, sur un total de 500 000 candidatures au total en France.

Les Jeux paralympiques peuvent-ils changer le regard sur le handicap ?

Si nous considérons les participants comme des athlètes avant tout, alors cela peut avoir un impact. Et ceci est valable pour l’emploi. Aujourd’hui, les entreprises doivent recruter des talents. Le fait que ces talents soient en situation de handicap est une singularité, comme les seniors, les parents monoparentaux, etc.

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