Mathieu Cornieti, co-fondateur d’Impact Partners, s’emploie à orienter des investissements dans des entreprises à impact social et environnemental. Il gère plus de 350 millions d’euros de fonds.

Son livre, Manifeste pour une Europe à Impact, est paru chez Vuibert en mai dernier. En cet été olympique, Mathieu Cornieti nous en remet un exemplaire soucieux non de son autopromotion mais de relater le parcours de neuf entrepreneurs européens au service d’une transition juste. On y retrouve Miguel Diaz Castillo qui a fondé une entreprise de réparation d’objets en plastique, Jérémy Settbon, spécialisé dans le recyclage de matelas, Franck Bredy, dans la maintenance de vélos, Alberto et Lorena Porciani, à l’origine d’une plateforme médicale en ligne ou encore Celica Thellier qui a créé la sienne sur l’accompagnement RH (ChooseMyCompany).

Rien ne prédisposait ce multidiplômé, fort de trois masters à l’ENS, Sciences Po et Les Ponts, à se lancer dans le soutien à l’entrepreneuriat à impact. Pas d’entrepreneurs dans sa famille, un goût prononcé pour le service public… Le déclic ? « Je suis un faiseur, j’aime bien faire les choses comme j’ai de l’intérêt pour le vivre ensemble », dit-il. C’est donc en essayant de monter des entreprises qui, reconnaît-il, « se sont plantées », comme une galerie d’art en ligne, que Mathieu Cornieti a débuté. Avec un père RH et une mère prof d’anglais, ses origines italiennes lui font ne pas perdre de vue le moteur de l’ascension sociale. Il apprend le capital investissement dix mois chez Rothschild avant de jouer les directeurs financiers dans une société de semi-conducteurs. Mais sa grande aventure commence en 2009 avec la création d’Impact Partners.

15 ans après, le bilan est lucide. « C’est une goutte d’eau, on ne changera pas la face du monde, concède-t-il, mais on sait que pour plus d’efficience on peut utiliser le levier de l’entrepreneuriat ». Avec cette particularité : « rien ne peut se faire sans cohésion sociale et comme les Gilets jaunes l’ont montré, les gens en colère ne votent pas pour des solutions comme le photovoltaïque qui auront peut-être un impact dans trente ans. »

Société européenne à mission

D’où l’importance que cette « société européenne à mission » met dans la dimension sociale et inclusive des initiatives qu’elle soutient, au-delà du green. Un angle qui n’est pas toujours si bien compris : « Les jeunes générations sont présentées comme extrêmement sensibles à l’impact, ajoute-t-il, mais dans la finance elles sont surtout sensibles aux enjeux environnementaux et a priori moins à l’aise avec les sujets sociaux car elles sont elles-mêmes les produits d’une société inégalitaire. » Clair comme du Bourdieu.

Pour autant, après vingt ans de critère ESG [Environmental Social & Governance], la performance environnementale s’est imposée et « le social est un vrai sujet depuis deux ans », dit-il. Le scandale Orpea est passé par là. Impact Partners investit 5 à 10 millions d’euros dans des entreprises « à impact social remarquable » dans des quartiers de la politique de la ville. Au total, 263 investissements dans des commerces, 4 000 emplois créés « et une vraie performance financière », relève Mathieu Cornieti qui s’est déployé dans toute l’Europe.

Parcours

2005. Master Affaires publiques à Sciences Po Paris

2005. Analyste Rothschild & Cie puis CFO Scaleo Chip

2009. Co-fonde Impact Partners dont il devient CEO

2013. Président de la commission Impact de France Invest

2019. Commission européenne, membre de la mission « adaptation au changement climatique »

2024. GSG, président du National Advisory Board France.

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