Rien de pire qu’une stratégie RSE descendante qui n’implique pas l’interne. Des solutions existent pour encourager la participation des employés. Certaines émanent même directement de la base. Un article également disponible en version audio.
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Au-delà des fresques du climat qui diffusent une culture commune sur les enjeux écologiques, les responsables des ressources humaines sont en quête d’outils de mobilisation pour faire adopter les politiques RSE en interne. Big Bloom, société spécialisée dans la transformation des organisations, croit à l’intelligence collective pour embarquer les équipes. Elle propose des hackathons solidaires, des séminaires autour d’une cause ou d’une association, à destination de grandes entreprises comme Air Liquide, BNP Paribas, Engie ou L’Oréal, mais aussi de collectivités ou d’hôpitaux. « Nous sommes intervenus dans un Ehpad d’une trentaine de salariés en Seine-Saint-Denis, qui voulait avancer sur la transition écologique. Ils ont abouti à plusieurs idées comme la réduction des déchets, la végétalisation des espaces, la création d’un potager participatif », témoigne Marie Van Gucht, directrice générale de Big Bloom.
Des projets plus concrets
La méthodologie du hackathon s’appuie sur quatre étapes. « Une phase d’empathie, pour comprendre les besoins, une phase d’idéation, pour produire le maximum d’idées, le prototypage et, enfin, le pitch pour présenter le résultat final, explique Marie Van Gucht. Un tiers des projets sont mis en place tels quels. L’intérêt de l’intelligence collective est qu’elle permet de générer des solutions implémentables. C’est beaucoup plus concret que des recommandations de consultants. »
Les ateliers « Le travail qui relie », initiés par la militante écologiste Joanna Macy, commencent par une phase de partage d’expériences personnelles afin de briser la glace. En exprimant leurs émotions (colère, découragement ou, au contraire, enthousiasme), les participants sont amenés à libérer leurs énergies pour aboutir à des projets concrets. C’est l'un des outils utilisés par le réseau des Sentinelles Vertes, créé au sein du syndicat CFDT en 2020. Cette initiative de Michaël Pinault, secrétaire fédéral CFDT-F3C (Fédération Communication, Conseil, Culture), se veut un accélérateur de la transition écologique au sein des entreprises, en partant des CSE (comités sociaux et économiques). Elle compte aujourd'hui 500 adhérents et organise des webinaires, des formations, une fresque du pouvoir d’agir…
« Les Sentinelles Vertes sont un outil pour avoir un effet de bascule. Trois ou quatre personnes motivées dans une organisation peuvent faire des miracles », assure Michaël Pinault. Les salariés peuvent par exemple s’emparer de sujets comme la réduction de la viande dans la restauration collective, l’arrêt des voyages en avion, la mise en place de mobilités douces. Ils peuvent ainsi faire remonter leurs propositions à la direction. Pour Marie Van Gucht aussi, « il faut dépasser le constat pour donner le pouvoir d'agir aux salariés ». Selon elle, l’efficacité des outils de mobilisation passe par « le jeu, qui libère des émotions positives, le côté expérientiel, auprès d’association de terrain, et le fait qu’ils soient orientés vers les solutions. Les collaborateurs qui ont partagé une journée ensemble deviennent des ambassadeurs de la cause ».