Welcome to the Jungle publie en janvier son livre de tendances consacré à l’univers du travail. Radioscopie de la semaine de quatre jours à la croissance raisonnable.

C’est un ouvrage de 300 pages sur les dix tendances RH qui a été présenté avant les fêtes par Welcome to the Jungle. Vendu 399 euros, ce livre est le fruit d’une collaboration avec une centaine d’experts (DRH, dirigeants d’entreprise, avocats, chercheurs) et le studio de design Violaine & Jérémy. Il met en lumière des évolutions-clés du monde du travail en 2024 comme « diviser pour mieux manager » alors même que les entreprises recherchent le mouton à cinq pattes, à savoir le « multi-manager » qui « se doit d’être leader, fin psychologue et expert » quand les cadres sont de « moins en moins nombreux à vouloir assumer ce rôle », comme le souligne Marie Ouvrard, directrice éditoriale.

Promotrice de la semaine de quatre jours, qu’elle a adoptée dès 2019, l’agence s’intéresse à la question d’un temps de travail asynchrone du fait d’un retour au bureau face à un télétravail accusé de dégrader la productivité, notamment à Publicis. Pour son CEO, Jérémy Clédat, la semaine de quatre jours est à la fois un enjeu d’attractivité pour des candidats et un atout pour conserver ses collaborateurs les plus précieux. Elle facilite « une meilleure maîtrise de son temps et l’amélioration de l’estime de soi-même » alors que le cinquième jour est souvent mis à profit pour se ressourcer. Même si cette perspective se heurte à la question d’une productivité en baisse, cela amène le recruteur à requestionner son rôle dans un contexte de pénurie de talents.

Pour la marque employeur, la réduction du temps de travail peut aussi être une façon d’innover alors même que le livre relativise la notion de « générations au travail » avec cet ajout « Et si elles n’existaient pas… ». De fait, les RH de 2024 vont être de plus en plus confrontées au défi de trouver les modes d’organisation et de management pour faire travailler ensemble différentes classes d’âge. Une problématique de diversité et d’inclusion est identifiée sous l’expression « à la rescousse d’une génération sandwich », ces salariés pris entre leurs enfants et leurs parents vieillissants : l’entreprise devra trouver les solutions pour permettre à des salariés aidants de s’épanouir en son sein.

L’IA, source d’opportunités

 Sur l’IA, qui fait peur en raison du risque induit de perte d’emplois, il s’agit d’amener l’ensemble d’une collectivité à s’en saisir pour un faire une source d’opportunités. Face aux efforts demandés – en particulier en termes de formation –, il convient aussi de parler avantages alors que les salariés attendent beaucoup en termes de salaires. La transparence des rémunérations, pour plus d’équité, est une question qui mérite d’être posée, mais l’étude aborde aussi la thématique du bien-être. En ce sens, les espaces de travail doivent être pensés comme un élément crucial adapté à la vie de l’entreprise.

Enfin, c’est la question de la croissance raisonnable ou post-croissance qui devient incontournable, à savoir l’arbitrage entre la recherche de rentabilité et les limites de la planète. Ou comme dit Geneviève Férone-Creuzet, vice-présidente du Shift Project, cela implique une « logique différente qui vise à réfléchir en termes de valeur et non de volume ». De la responsabilité et de l’utilité plutôt que de la performance à n’importe quel prix.