Le groupe La Poste a recruté 3 000 saisonniers pour acheminer des colis pendant les fêtes. Yves Arnaudo, DRH de la branche services-courrier-colis, explique pourquoi son entreprise a dû s’adapter en mettant en place des primes ciblées pour ses équipes de travail temporaire.
La période des fêtes finie, la frénésie des colis étant retombée, La Poste peut souffler. Mais pour peu de temps. La maison jaune, à la virgule bleue emblématique entend ne pas attendre pour lancer la prochaine campagne de recrutement de saisonniers. Entretien avec d’Yves Arnaudo, directeur des ressources humaines et des relations sociales de la branche services-courrier-colis au sein du groupe La Poste.
La fin d’année est toujours synonyme d’un surcroît d’activité au sein de votre groupe ?
Yves Arnaudo. On parle de « pic période ». Entre le « Black Friday » et Noël, plus de 106 millions de colis auront été acheminés. Un chiffre en augmentation, lié au développement de l’e-business. L’édition 2022 en a enregistré un peu plus de 100 millions. Et nous avons donc recours à des renforts pour les amener à bon port. Trois mille saisonniers viennent nous aider.
Dans un marché encore relativement tendu, est-ce facile de recruter ces collaborateurs saisonniers ?
Je dois avouer que l’opération s’est révélée plus difficile en 2022 (du fait des retours dans les stations balnéaires, la restauration et l’hôtellerie) qu’en 2023. Nous communiquons de plus en plus tôt, mi-septembre, début octobre, sur les réseaux tels que TikTok, Welcome to the Jungle. Le secteur le plus difficile à couvrir reste le pourtour de la frontière suisse, avec la concurrence des employeurs helvètes et des stations de sports d’hiver, à la frontière du Luxembourg également. Aussi, met-on en place des mesures spécifiques : des primes, avec paiement échelonné. En 2023, elles ont été réévaluées.
Ces primes ciblées ne font-elles pas grincer des dents les autres collaborateurs ?
Tout le monde les comprend. Sans prime, la distribution serait compromise. Difficultés de recrutement, absence de candidats, turnover… Nous sommes très précis. Nous renforçons également les équipes l’été pour permettre aux facteurs en place de partir en congés. Nous nous appuyons sur des entreprises de travail temporaire. Une politique mise en place depuis une dizaine d’années, mais renforcée depuis cinq ans. De quoi constituer notre vivier. Nous avons des fidèles. L’intégration dans les équipes est une étape importante, d’autant plus dans un contexte de recrutement de 3 800 facteurs en contrat à durée indéterminée (CDI). Ils réalisent de plus en plus de services, avec par exemple 4 millions de repas distribués, à côté de 6 milliards de plis acheminés en 2023 (il y en avait 18 milliards il y a dix ans).
Les Jeux olympiques de Paris 2024 vont-ils avoir un impact sur votre activité ?
Les aménagements de la circulation vont nous pousser à mettre en place un travail préparatoire dans les périmètres impactés par les compétitions. Par ailleurs, on se prépare déjà à commencer à travailler notre campagne de recrutement de saisonniers.