Un an après sa création, les cavalières de l’équipe Iron Dames Equestrian se sont donné rendez-vous à Rabat pour la finale du Longines Global Champions Tour les 18, 19 et 20 octobre dernier. Un projet qui poursuit les mêmes ambitions que l’écurie automobile : mettre les femmes à l’honneur.

On les connaissait en course d’endurance automobile, mais pas encore en saut d’obstacles. Iron Dames, l’écurie automobile fondée en 2018 par Deborah Mayer et qui a pour objectif de mettre les femmes à l’honneur, s’est lancée dans le sport équestre il y a tout juste un an. 365 jours plus tard, les Iron Dames Equestrian se retrouvent à Rabat pour la finale du Longines Global Champions Tour, une compétition internationale de saut d’obstacles ayant lieu chaque année et qui réunit les 30 meilleurs cavaliers mondiaux du classement mondial Longines sur les plus grands terrains de concours du monde.

Ce 18 octobre marque une grande étape pour les cavalières qui s’apprêtent à remporter le premier titre accordé à une équipe 100 % féminine. Les participantes que l’on croise dans l’espace de repos semblent sereines et prêtes à affronter l’après-midi sous le soleil et les 24° de la capitale marocaine. « Elles se souhaitent bonne chance entre elles sur le groupe », confie Deborah Mayer en faisant référence à la conversation WhatsApp collective des Iron Dames. À 14 heures, les épreuves débutent dans ce cadre dépaysant où l’on peut apercevoir de loin la tour Hassan. À chaque passage, l’ambiance reste calme alors que les enjeux sont grands. Les performances des membres des Cannes Stars by Iron Dames les emmènent vers leur objectif : remporter cette grande finale à Rabat. Les cavalières et les équipes célèbrent modérément cette victoire, avant de se prendre dans les bras et d’enfiler des t-shirts faits sur mesure pour cet événement.

Cette réussite, Deborah Mayer en rêvait depuis le lancement des Iron Dames Equestrian, le 13 septembre 2023. C’était lors d’un événement organisé sur le circuit de Vallelunga en Italie [pour l’anecdote, un ancien hippodrome] que l’annonce de sa création a été faite. L’ambition ? Participer au plus haut niveau aux compétitions de la FEI (Fédération équestre internationale), comme au Longines Global Champions Tour (compétition individuelle) et à la Global Champions League (compétition par équipes). Choses désormais faites. « C’est un projet qui m’est venu naturellement avec toujours cette volonté de promouvoir les femmes dans les sports mixtes. C’est aussi la cerise sur le gâteau de revenir à mon premier amour, l’équitation. Notre projet est animé par la passion de transmettre ces valeurs à la prochaine génération en nous inscrivant dans la durée », avoue la fondatrice armée de sa casquette rose fluo aux couleurs des dames.

En 2022, lors de son premier entretien accordé à Stratégies, elle expliquait comment son projet est lié à son parcours : « Il y a toujours cette perception que le sport automobile est masculin, alors qu’il fait partie des sports mixtes avec l’équitation et la voile. Chez Iron Dames, tous les postes, et pas uniquement les places des pilotes, sont à pourvoir. Je pense que cette question des représentations fait aussi écho à mon expérience professionnelle. Quand j’étais dans le milieu de la banque, on devait être 5 % de femmes. » Contrairement au sport automobile où les licenciées sont plus rares avec seulement 12 % de pratiquantes (source : 2021, fédération française du sport auto), le sport équestre est le premier sport féminin avec 84,58 % de femmes licenciées. « Ce sont deux sports qui ont des structures différentes, mais un ADN similaire. Les femmes sont majoritaires dans le sport équestre, mais la tendance s’inverse lorsqu’on regarde leur participation en haute discipline. » En effet, dans les compétitions professionnelles, elles représentent 42,3 % des licences, selon la fédération française d’équitation. « Elles sont encore peu mises en valeur, et nous voulons leur montrer qu’elles ont la possibilité de faire carrière dans cette voie », ajoute Deborah Mayer. Le projet global des Iron Dames Equestrian s’inscrit dans le même but que celui mis sur pied pour l’automobile : accompagner les femmes à participer à des compétitions de haut niveau.

Cohésion de groupe

Pour donner vie aux Iron Dames Equestrian, il a fallu composer une équipe. Elles sont huit et viennent de tous les horizons : Anastasia Nielsen, Natalie Dean, Janne Friederike Meyer-Zimmermann, Sanne Thijssen, Sophie Hinners, Katrin Eckermann, Laura Hetzel et Kim Emmen. Grâce à leur réputation dans l’automobile, la naissance de la partie équestre a été un peu plus simple : « Au début, on a rencontré les mêmes écueils qu’en automobile avec des questions sur la viabilité du projet. Mais le sport automobile a permis d’essuyer les plâtres que nous n’avons pas eus à refaire grâce à notre notoriété. » Durant l’année, les cavalières se sont respectivement entraînées dans leur résidence et se retrouvaient sur les circuits des compétitions.

Que ce soit les pilotes ou les cavalières, Deborah Mayer réunit ces deux mondes deux fois par an pour créer un moment de cohésion. Aujourd’hui, Iron Dames compte au total une vingtaine d’athlètes et autour de 70 femmes occupant différentes fonctions. Cette victoire du 18 octobre marque une étape importante pour le développement des Iron Dames Equestrian et pour se rapprocher d’une grande ambition : participer aux Jeux olympiques en 2028. « C’est une très belle année, pleine d’émotions », affirme la fondatrice, le sourire aux lèvres. Le projet, qui lui a d’ailleurs redonné l’envie de pratiquer sa première passion pendant son temps libre, apporte une première pièce à l’édifice pour Deborah Mayer qui a vocation à partager les valeurs de l’écurie automobile et de la filière équestre à d’autres sports mixtes à l’avenir.