Un nouveau soft power se fraye un chemin en Afrique : celui des pro-Brics. Pas seulement par son l'élargissement à des pays africains mais aussi parce que ce groupe de pression entend porter la voix d’un Sud global.
Il faut désormais compter en Afrique avec un nouveau soft power : celui des pro-Brics. Pas seulement parce que ce groupe de pays émergés et émergents regroupant inialement le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine s’est élargi en 2010 à l’Afrique du Sud et, depuis 2023, à l’Éthiopie et l’Égypte (en plus des Émirats arabes unis et l’Iran). Mais aussi parce que ce groupe de pression entend porter la voix d’un Sud global. Faisant écho au «grand récit» qui oppose la «majorité mondiale» à l'«Occident minoritaire» déroulé par le Kremlin, comme dit le chercheur Maxime Audinet de l’Institut de recherche de l’école militaire, il se montre beaucoup plus soudé contre le massacre des Gazaouis que sur l’invasion de l’Ukraine. L’instrumentalisation n’est jamais loin : l’AFP a ainsi recensé des dizaines de comptes au Sahel, originaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, où l’adhésion à un «monde multipolaire» et à un «nouvel ordre mondial» est en bonne partie inspirée par Moscou et son agence de presse «African Initiative», héritière du groupe Wagner de feu Evgueni Prigojine. Reste que face aux difficultés de l’Occident à faire respecter le droit international par un pays allié comme Israël, ce soft power ne peut que prospérer sur la dénonciation d’un néocolonialisme. Les pays occidentaux ne pourront y répondre qu’en réaffirmant leurs valeurs démocratiques et s’en tenant aux faits. Contre toutes les post-vérités.