Un groupe de sénateurs américains des deux bords a présenté le 15 mai ses recommandations pour encadrer l'intelligence artificielle, alors que l'Europe a adopté cette année une loi sur cette technologie que les géants du secteur déploient à grande vitesse.
Dans une longue feuille de route, le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer et trois autres sénateurs détaillent les priorités pour que les Etats-Unis favorisent une innovation par l'intelligence artificielle qui bénéficie à la recherche dans la santé ou la protection de l'environnement, tout en protégeant le public des risques, comme la perte d'emplois.
Ils appellent l'Etat à dépenser quelque 32 milliards de dollars en recherche et développement dans l'IA, pour rester à la pointe du secteur. Il y a « urgence », selon Chuck Schumer, parce que l'IA est « complexe, elle évolue rapidement et a des conséquences quasiment pour toute la société ».
« Plus nous attendons, plus le fossé se creuse », a-t-il ajouté, avant d'évoquer les dernières prouesses d'OpenAI, la start-up californienne qui a lancé la révolution de l'IA générative (production de contenus divers sur simple requête en langage courant).
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Lundi, OpenAI a montré une nouvelle version de ChatGPT qui tient des conversations orales et fluides avec ses utilisateurs, un pas de plus vers des assistants d'IA toujours plus personnels et performants. Google a de son côté dévoilé mardi ses dernières avancées dans l'IA générative, qui transforme la recherche en ligne et de nombreuses tâches du quotidien.
Les sénateurs américains font des propositions pour freiner la prolifération de la désinformation facilitée par l'IA générative (fausses photographies, vidéos et enregistrements sonores de personnalités).
« Notre démocratie pourrait ne jamais se rétablir si nous perdons la capacité de faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui est faux, comme l'IA menace de le faire », a déclaré Chuck Schumer devant une commission du Sénat qui travaille sur deux projets de loi sur la transparence et la réglementation de l'IA lors des élections.
Pas de législation globale
Selon la feuille de route, des projets de loi sur la défense et la promotion de l'innovation en matière d'IA seront également étudiés, même s'il pourrait s'agir de modifications apportées à des lois existantes.
Washington semble vouloir éviter une législation globale sur tous les enjeux liés à cette technologie, contrairement à la loi européenne sur l'IA adoptée à Bruxelles.
Mais pour Evan Greer, directrice de l'ONG Fight for the Future, la feuille de route des sénateurs passe à côté des vrais enjeux, tels que l'impact de l'IA sur les droits humains. « On dirait que cela a été écrit par les lobbyistes » de la tech, a-t-elle réagi.