Deux ans après avoir annoncé la suppression des cookies tiers, Google a annoncé revoir également ses outils de partage de données à des fins publicitaires pour les applications dans Android.
La question n’était pas de savoir si Google allait le faire, mais plutôt quand. Suivant l’exemple d’Apple avec l’App Tracking Transparency (ATT), le géant de la pub en ligne a annoncé mercredi 16 février vouloir construire un nouveau système de ciblage publicitaire sur les appareils fonctionnant avec son système d’exploitation Android, et ce afin de limiter le partage des données avec des utilisateurs tiers et entre applications. « Notre objectif avec [ce nouveau système] est de développer des solutions publicitaires efficaces et améliorant la confidentialité, les utilisateurs sachant que leurs informations sont protégées », a indiqué l’entreprise sur son blog en soulignant que cette initiative prendrait plusieurs années.
Google rappelle que 90 % des applications proposées sur sa plateforme Google Play sont gratuites, en grande partie grâce aux publicités. Les SDK, comparables aux cookies sur mobile, permettent par exemple d’étudier le comportement des utilisateurs sur leur téléphone, pour leur proposer des publicités ciblées, à l’instar de Facebook, pour le plus connu, mais aussi de nombreux autres. Mais « le secteur doit continuer à faire évoluer le fonctionnement de la publicité numérique pour améliorer la confidentialité des utilisateurs », avance Google.
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Apple avait frappé fort, avec l’ATT, qui demande un consentement supplémentaire, dans iOS, pour accepter de partager les données avec les éditeurs, même une fois sorti de l’application. Au point de forcer Facebook, qui estimait la perte de revenus à 10 milliards de dollars, à revoir son système publicitaire. Ce changement a été justifié par Apple par le respect de la confidentialité des données. Mais cela n’empêche pas la marque à la pomme de récolter des informations pour elle-même, et de développer en sous-main son propre écosystème publicitaire…
À la différence d’Apple, Google assure vouloir améliorer le respect de la vie privée des utilisateurs « sans mettre en péril l’accès gratuit à des contenus et services ». Et le géant insiste sur ce point. « D’autres plateformes ont adopté une approche différente de la confidentialité des publicités, limitant brutalement les technologies utilisées par les développeurs et les annonceurs », souligne Google sur son blog, estimant qu’il s’agit d’une approche « non efficace ». Le groupe assure vouloir prendre son temps et travailler avec les développeurs et les régulateurs. Il affirme également qu’il continuera à proposer les outils publicitaires actuellement sur sa plateforme « pendant au moins deux ans ».
Ainsi, l’identifiant publicitaire Google Advertising ID, que les plateformes s’échangent afin de repérer un internaute, devrait disparaître à terme, mais dans un calendrier d’au moins deux ans, pour laisser, comme avec le cookie tiers, le temps aux développeurs de s’adapter. « [Ces nouvelles fonctionnalités] fonctionneront sans identifiants interapplications, y compris les identifiants publicitaires, et limiteront le partage des données des utilisateurs avec des tiers », indique ainsi Google.
Mais portées devant la justice, les pratiques de Google en termes de modifications des standards publicitaires posaient des questions. Après avoir revu ses pratiques, et pris notamment des engagements de collaboration avec l’industrie, la Privacy Sandbox a été approuvée la semaine dernière par l’autorité de la concurrence britannique notamment. Ainsi, les développeurs pourront participer sur le site en ligne dédié. Une version bêta devrait être disponible dès 2022.