Un vent de changement souffle sur TikTok France : la présidente actuelle, Zhao Tian, sera remplacée par Adam Presser, un ressortissant américain. Cette décision intervient suite aux conclusions d'une enquête sénatoriale française sur TikTok, qui a soulevé des questions sur les liens entre Zhao Tian et le fondateur de la société chinoise Bytedance, Zhang Yiming.
TikTok France a nommé un nouveau président, Adam Presser, en remplacement de Zhao Tian, alors que le rapport du Sénat pointait des liens trop étroits avec Pékin. Contrairement aux attentes d’une nomination européenne, Adam Presser restera à Los Angeles, où il gère également les opérations mondiales de l’entreprise. Cette décision soulève des questions quant à l’importance du marché français pour TikTok.
La précédente présidente, Zhao Tian, n’avait jamais eu de responsabilités en France, suscitant des préoccupations quant à l’influence et à la collecte de données par le réseau social. La nouvelle nomination vise à apaiser les inquiétudes des sénateurs concernant les liens avec Pékin et les pratiques de collecte de données.
Des représentants de Tiktok avaient défendu devant les sénateurs français son absence de rôle opérationnel, mais le rapport s'inquiétait du « contrôle potentiel exercé sur son action par le pouvoir chinois ». Tiktok avait déjà annoncé la nomination prochaine d'un nouveau président, européen, mais a finalement choisi d'installer l'Américain Adam Presser, qui a notamment dirigé les activités en Chine de la société de production Warner Bros, a confirmé un porte-parole de l'application à l'AFP.
Outils à destination des chercheurs et régulateurs
En juillet, la commission d'enquête du Sénat français chargée d'étudier le fonctionnement et la « stratégie d'influence » de Tiktok avait menacé l'application d'une suspension en France et dans l'UE si celle-ci ne prenait pas des mesures pour clarifier ses liens avec les autorités chinoises et ne mettait pas en place une modération « efficace » avant le 1er janvier 2024. Le ministre français délégué au Numérique, Jean-Noël Barrot, avait emboîté le pas en demandant à l'entreprise un « état des lieux » d'ici à la fin de l'année sur sa mise en conformité avec les règles européennes de protection des données personnelles.
Depuis le 25 août, Tiktok est également assujetti à des obligations renforcées de transparence et de lutte contre les contenus illégaux, dans le cadre de la loi européenne sur les services numériques (DSA). Pour s'y conformer, Tiktok a déjà annoncé la mise en place d'outils à destination des chercheurs et régulateurs, un fil d'actualité non personnalisé, la fin des publicités personnalisées pour les mineurs et une nouvelle option pour signaler des contenus. Le réseau, utilisé chaque mois par environ 150 millions d'Américains et 134 millions d'Européens, revendique une « séparation totale » avec ses entités en Chine, mais il est confronté à des limitations croissantes en Occident, notamment en raison de craintes en matière de cybersécurité.