Rien ne va plus pour TikTok. L’application est désormais interdite sur les mobiles professionnels des fonctionnaires d’État français, comme d’autres applications dites « récréatives. » Aux États-Unis, après l’audition du CEO Shou Chew, devant le parlement, l’application, malgré tous ses efforts, peine à convaincre sur sa sécurité.
Le gouvernement a interdit vendredi l’installation et l’utilisation d’applications « récréatives » telles que le réseau social chinois TikTok ou la plateforme américaine de streaming Netflix sur les téléphones professionnels des 2,5 millions d’agents de la fonction publique d’État. Dans le sillage de la Commission Européenne, qui a interdit le TikTok, le gouvernement réfléchissait depuis plusieurs semaines pour se positionner sur la question. Il a donc dépassé la seule application TikTok, pour étendre le danger de la sécurité à bon nombre d’applications américaines.
Ces applications présentent des « risques en matière de cybersécurité et de protection des données des agents publics et de l’administration », a estimé l’entourage du ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini.
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Parmi les applications désormais bannies figure « le triptyque applications de jeux comme Candy Crush, de streaming comme Netflix et récréatives comme TikTok », explique l’entourage de Stanislas Guerini, avant d’ajouter que Twitter est également mis à l’index. Twitter est aussi de la partie, même si aucune liste n’a été véritablement établie.
Sanction moins grande, donc, pour TikTok, qui est mise dans le même panier que les applications qui transfèrent leurs données aux États-Unis, sans cadre spécifique officiel, pour encadrer la pratique, alors que le nouveau traité est encore en cours d’examen au niveau européen.
Si être mis au même niveau que les plateformes américaines faisait partie de la stratégie de TikTok en termes de lobbying, ce n’est pas pour autant une victoire. TikTok avait lancé dernièrement le projet « Clover » de sécurisation des données pour établir « une nouvelle norme de sécurité » sectorielle en Europe, et cette interdiction commune plaide en sa faveur. Mais ne règle en aucun cas le problème.
Une audition difficile
Par ailleurs, aux États-Unis, l’audition de Shou Chew devant le parlement ne s’est pas très bien passée, et le dirigeant n’a pas été en mesure de convaincre son audience.
« Rien de ce que vous avez dit jusqu’à présent ne m’a rassurée. Je pense même que votre témoignage a soulevé plus de questions que de réponses », a commenté Lisa Blunt Rochester, une démocrate du Delaware, citée par nos confrères de l’Usine Digitale. Idem pour le républicain Marco Rubio : « Après cette audition, il n’y a plus aucun doute que TikTok représente une menace pour la sécurité nationale », a-t-il renchéri. TikTok concentre les griefs des deux bords politiques américains.
Que ce soit sur la sécurité des données, notamment la probabilité de l’accès aux données personnelles par le parti communiste chinois, ou l’impact de l’application sur la jeunesse, aucun des projets de Bytedance n’a convaincu. Projet Texas de sécurisation des données avec Oracle, limitation de l’utilisation de l’appli à 60 minutes par jour pour les mineurs, modération, toutes les interventions du CEO se sont limitées à une moue désapprobatrice.
L’administration Biden a voté il y a deux semaines le cadre juridique pour une interdiction totale de l’application sur le territoire, mais cette décision serait bien impopulaire face au succès de TikTok qui talonne Netflix en termes de durée d’utilisation quotidienne. Alors que resterait-il ? Une obligation de cession ? Pas sûre que la Chine voit cela d’un très bon œil.