Quel sera le prochain Hollywood de la publicité ? Les producteurs livrent leurs expériences et leurs impressions, en toute subjectivité.
« Chaque fois que nous le pouvons, nous privilégions systématiquement la France, commence comme pour s'excuser Karim Naceur, global head of TV production de BETC. Quand, pour des raisons de saisonnalité, de décors ou de budget, cela est impossible, nous partons à l’étranger. » « En France, il y a tout ce qu’il faut, mais il faut débourser deux à trois fois plus cher qu’ailleurs », le rejoint Hugo Legrand-Nathan, fondateur de Birth Productions. Parmi les destinations favorites des professionnels, la République tchèque « pour le savoir-faire en set design et la variété des décors intérieurs », selon Karim Naceur, l’Espagne et le Portugal pour les plans extérieurs et le climat plus doux qu’en France, ou encore les pays de l’Est comme, jusqu’à peu, l’Ukraine.
« Shoots sophistiqués »
Karim Naceur aime aussi la Thaïlande, pour « l’efficacité de ses équipes techniques et le niveau de craft proposé ». Il y trouve « une vraie expertise sur des shoots sophistiqués (effets spéciaux sur set, cascades…) et une préparation des tournages dans des temps records ». Ces dernières années, il y a tourné des films pour May Tea, Babybel, Schweppes ou encore Lacoste. Toujours en Asie, l’agent et producteur indépendant Charles Denis vante, lui, la variété des paysages des îles indonésiennes. Après avoir été plus de 20 ans producteur exécutif en France, il a fait le choix de vivre entre Paris et Bali. Si la destination est moins courue que la Thaïlande, où la production est une véritable industrie, il assure que l’Indonésie a, à sa disposition, l'ensemble des talents et techniciens nécessaires aux tournages. Sur place, il a participé récemment à la création de contenus digitaux pour le BHV Marais.
Plus près de l’Hexagone, Hugo Legrand-Nathan chante les louanges de l’Algérie. Il y a fondé en 2012, avec Yacine Medkour, la société de production 2Horloges, à Alger. « On a participé à l’émergence de la production publicitaire dans le pays », se flatte-t-il. L’avantage ? « Des décors époustouflants, plus de 1 600 kilomètres de littoral, le Sahara, les vestiges romains… », énumère-t-il. La destination n’est qu’à 2h20 de Paris, avec plusieurs vols par jour. « C’est un pays idéal pour les tournages nécessitant des infrastructures comme l’automobile », commente-t-il. 2Horloges a tourné un film pour la marque de pneus Iris Tyres en 2020, à Djanet, « le plus bel endroit du désert », selon lui.
Le Maroc pourrait également gagner en popularité ces prochaines années. Josué Lacrosil, fondateur d’Ornorm, une société de production basée à Tokyo et qui vient de s’installer à Marrakech, y ouvre une antenne qu’il a baptisé Ornorm Studio. « Le Maroc a un potentiel énorme en termes de lieux, le tout dans un périmètre réduit », énonce celui qui dit avoir eu un coup de cœur pour le pays. « On est bien accueilli, il y a un art de vivre ici. Et il n’y a pas la barrière de la langue », ajoute Caroline Saslawsky, fondatrice de l'agence RP Idenium, depuis Marrakech. Avec Josué Lacrosil, ils ambitionnent d’y monter un événement, comme un festival de la créativité, auquel seraient conviés « une quarantaine de producteurs ».