Bertrand Suchet est décédé mardi 13 août, à Marseille. C’était un créatif-star des années 90-2000, multiprimé, auquel on doit des pubs mythiques comme «Au revoir président» pour le Loto, et un vrai épicurien.

« Au revoir président » pour le Loto (2002), « Malibu, la Légende des tropiques » (1989), « Le deuxième effet Kiss Cool » par Kréma (1989), le film « Audi Impact » en 1995… Voilà quelques-uns des bijoux publicitaires que l’on doit à Bertrand Suchet, créatif multiprimé, star des années 90-2000, qui vient de nous quitter à près de 64 ans, le 13 août dernier, à Marseille, des suites d’une hémorragie cérébrale. Un univers dans lequel cet autodidacte flamboyant a travaillé pendant trente ans d’abord en tant que concepteur-rédacteur chez Ecom, puis chez TBWA où il a côtoyé Frédéric Beigbeder, puis en cofondant l’agence Louis XIV avec Jean-Luc Bravi. Tous deux ont ensuite intégré l’agence DDB qu’ils ont coprésidée à partir de 2001, Bertrand Suchet prenant en charge la direction de la création. Il a également été président du Club des Directeurs Artistiques pendant plusieurs années. Une vraie figure de la pub, de la trempe des Christian Vince ou Marie-Catherine Dupuy.

Ice-breaker

« Bertrand était à la fois le fruit de sa bonne éducation dans une famille bourgeoise lyonnaise et de sa vie à Saint-Tropez où il avait été barman au Mas de Castelas, ce qui lui avait apporté ce petit grain de folie et cette exubérance, esquisse Jean-Luc Bravi, aujourd’hui chairman du groupe DDB. Ce mélange faisait qu’il était à l’aise en toute situation. » C’est d’ailleurs à Saint-Tropez que sa verve est repérée par le publicitaire Jean-Pierre Audour qui lui conseille de monter à Paris pour se lancer dans la pub. « Comme tous les concepteurs-rédacteurs, il trouvait les bons mots, poursuit Jean-Luc Bravi. Au cours d’une compétition il y a toujours ce moment tendu où une agence succède à une autre en salle de présentation devant le jury de l’annonceur, Bertrand sortait toujours l’ice-breaker qui faisait rire l’assemblée et basculer la salle de son côté. » Sur les réseaux sociaux, l’ancien publicitaire Frédéric Beigbeder lui rend hommage : « Avec Bertrand Suchet disparaît une race d’humoriste à part : ceux qui mettent leur talent dans leur vie et se fichent de la postérité. Je n’ai jamais rencontré personne d’aussi drôle… »

Son éloquence lui permettait aussi de marquer des points devant les clients : « Quand il racontait le script d’une publicité, il scotchait les gens et c’était tellement bien vendu que le vrai défi consistait à réussir à faire aussi bien à l’étape de la production », sourit Jean-Luc Bravi.

La maxime de Bertrand Suchet ? Travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. En parallèle, il a toujours voulu profiter de la vie, et avait une deuxième, voire une troisième vie, il était par exemple co-organisateur de la Nioulargue de Saint-Tropez. En 2012, Bertrand Suchet a décidé de changer de vie pour de bon : ouverture d’un restaurant italien à Paris, d’un élevage de cochons en Haute-Loire, rénovation d’un hôtel-restaurant sur les bords de la Loue « spécial pêche à la mouche »… 

« C’était un "mec champagne", généreux et flamboyant, qui nous tirait vers le haut, il a croqué la vie à pleines dents, le cigare à la bouche en chantant du Sinatra, d’ailleurs, il disait que l’important n’était pas d’avoir une vie longue mais large », conclut Jean-Luc Bravi. Une cérémonie en hommage à Bertrand Suchet aura lieu en septembre à Saint-Tropez.

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