Pour la première fois, la rédaction de Stratégies a décidé de remettre un prix Coup de cœur, en plus du Prix des jeunes créatifs, aux créatives de BETC, Marie Glotin et Gilliane Hellstern. Rencontre avec ce duo qui fait des étincelles.
Le choix était difficile, mais nous tenions à vous récompenser d’un prix Coup de cœur. Une première pour la rédaction !
Gilliane Hellstern. Nous sommes très reconnaissantes de ce prix, c’est motivant pour la suite ! Il s’est passé à peu près le même scénario aux Young Lions, nous avons terminé quatrième, ça s’est joué à peu de choses, et forcément on se demande ce qu’il nous manque.
Aux côtés du team LGM&Co, vous êtes le troisième team féminin (avec Eve Roussou/Clémence Cousteau de TBWA Paris en 2006 et Nagzol Atharinejad/Hélène Boudin de McCann Paris en 2016) à remporter cette distinction. Le milieu de la pub a encore du chemin à faire selon vous ?
G.H. Nous sommes très contentes pour nos consœurs de LGM&Co. Voir uniquement des filles sur le podium, c’est encourageant. En revanche, nous ne voulons pas exister simplement parce que nous sommes un team de filles. Des teams féminins dans les agences, il y en a !
Marie Glotin. Récemment chez BETC, il y a eu pas mal de recrutements de femmes et le fait d’avoir Mercedes Erra et Bertille Toledano aux commandes aide à prendre ces sujets au sérieux, on se sent dans un endroit sécurisé.
G.H. Une de nos directrices de création est Antoinette Beatson, c’est génial d’avoir une femme haut placée, ça nous aide à nous projeter, même si le monde de la pub manque encore de rôle models féminins.
Deux de vos campagnes, parmi les trois sélectionnées, portent un message féministe. Pensez-vous que la pub soit un bon moyen pour passer des messages ?
M.G. À notre échelle, c’est le meilleur moyen car notre métier nous le permet, tout comme notre agence. Évidemment, la pub ne se résume pas qu’à des prises de position. En ce moment, on est autant sur des projets engagés que sur des campagnes pour les gros annonceurs de l’agence.
Quelle est la campagne dont vous êtes le plus fières ?
En chœur. « À ma place » !
G.H. Cette campagne a généré tellement de résultats positifs ; une des femmes associées au projet a pu boucler sa levée de fonds, six d’entre elles ont pu rencontrer les hommes qu’elles ont remplacés… Et grâce à elle nous avons eu la chance d’aller à Cannes et de remporter un Lion.
M.G. C’est assez rare de voir les impacts concrets d’une campagne, qui plus est lorsqu’elle a un impact positif sur une personne. Elle condense nos meilleurs souvenirs !
Où vous voyez-vous dans dix ans ?
M.G. Je pense qu’on n’aura pas du tout la même réponse. Gilliane souhaiterait devenir directrice de création tandis que je préférerais rester dans l’exécution de la création.
G.H. C’est vrai que ça m’intéresserait, j’aimerais aussi avoir une expérience à l’étranger. Mais dans tous les cas, j’aimerais continuer de travailler avec Marie.
M.G. Gagner en responsabilités, accéder à de plus gros budgets et faire plus de films tout en restant ensemble.
G.H. Et remporter encore plus de prix toutes les deux !
Comment faites-vous pour garder votre étincelle créative ?
G.H. Pour que ça dure, il faut un coup de cœur mutuel professionnel et personnel. Même avec des personnalités différentes, je suis le côté «pop culture» quand Marie sera plus artistique, nous restons complémentaires dans nos valeurs, notre éducation…
M.G. Comme dans un couple, je pense qu’il faut avoir un fond d’admiration envers l’autre, qu’on pense : « Elle continue de me surprendre ».
G.H. L’encouragement, l’admiration mutuelle, la communication et le non-jugement, c’est notre cercle vertueux.