Dossier Études
Avec une révolution data qui transforme les expertises et un syndicat en pleine mutation, l’actualité des études est très riche. Bilan avec Luc Laurentin, senior vice-président de BVA Group et président de Syntec Etudes.

Comment se porte le secteur des études ?

Luc Laurentin. En 2018, les sociétés adhérentes du Syntec Etudes ont enregistré une croissance moyenne de 0,3 %. Notre marché stagne sur le plan économique, impacté, comme beaucoup, par la mutation qu’il est en train de vivre. Nous n’avons peut-être pas su anticiper assez vite la transformation des technologies, la montée en puissance des nouveaux outils et leurs conséquences sur notre profession. La collecte de la data, accessible à tous, ne représente plus notre cœur de métier et de nouveaux acteurs arrivent avec des solutions qui captent sûrement une partie de la croissance. Néanmoins, si nos clients sont tentés de les explorer pour découvrir des lectures plus rapides, ils demeurent conscients de notre valeur ajoutée pour rendre cette data actionnable. Sans sensibilité experte et compréhension fine des contextes, la data reste stérile.

 

Votre profession se remet-elle en question ?

Bien sûr, toutes les entreprises du secteur font évoluer leur modèle. Certains concentrent leurs efforts autour de la maîtrise de la data, d’autres s’ouvrent à de nouvelles expertises. Partout, les acquisitions, rapprochements et collaborations opèrent. Chez BVA, nous avons choisi de développer la dimension véritablement opérationnelle de notre conseil, afin de devenir des accélérateurs de performance pour nos clients, et ce au niveau international. En termes de vision, nous revendiquons l’importance des sciences humaines pour accompagner la technologie. C’est pourquoi nous préférons investir sur de nouveaux métiers, qu’il s’agisse de notre cellule d’économie comportementale prédictive Nudge, l’agence Corporate Babel ou encore la structure d’innovation design Okoni.

 

Cela ne passe-t-il pas aussi par l’intelligence artificielle [IA] ?

Certains diront qu’il faut tout miser sur l’IA, je n’en fais pas partie. Bien sûr, les algorithmes, bien maîtrisés, nous confèrent une capacité augmentée à donner du sens. Mais les technologies progressant en continu, chaque évolution rend obsolète la précédente. Notre rôle est d’être ceux qui filtrent.

 

Le Syntec a récemment connu une actualité conduisant la branche RP à se retirer de l’organisation. La stabilité est-elle, depuis, revenue ?

Nous travaillons depuis trois ans au rapprochement de tous les syndicats de Syntec Etudes et Conseil, et avons signé le 21 mars dernier la fusion, sous la marque Syntec Conseil, des branches Syntec Etudes, Consult’in France, Syntec Recrutement et Evolution Professionnelle. Avec 2,18 milliards de contribution à l’économie française et un volet d’expertise qui compte pour 80 % dans la réussite des entreprises, notre représentativité est bien là. Concernant la branche RP, la fin de l’histoire n’est pas encore écrite…

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