L'actu vue par...
Stéphane Fouks, vice-président de Havas Groupe et président exécutif de Havas Worldwide, commente pour Stratégies l'actualité de la semaine.

Le record d'audience (28,1%) de BFM lors du débat des onze candidats à l'élection présidentielle.

Stéphane Fouks. Ce succès d'audience n'est pas inattendu. Il illustre la domination de la télévision dans la campagne électorale, alors qu’on la disait dépassée par les nouveaux médias. Mais, au-delà, il illustre surtout le fait que les candidats ont perdu le contrôle de leur communication au profit des médias, qui leur dictent leur calendrier et leurs thématiques. Le fait que le deuxième débat sur France 2 n'ait pas lieu est un soulagement pour la plupart des candidats, c’est aussi le signal qu’il faut réinventer une écriture télévisuelle favorisant les vrais débats. Cette campagne, espérons-le, n'était peut-être qu'une campagne de transition vers une nouvelle manière de faire comprendre, et de faire voir, la politique.

La montée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages.

S.F. Jean-Luc Mélenchon a le talent oratoire et la sincérité qui forgent une vraie différence. Mais sa progression dans les sondages révèle surtout la faiblesse du débat programmatique : Mélenchon propose de ne plus rembourser la dette sans sortir de l'euro et de l'Europe, en faisant payer les Allemands, ce qui est impossible, et nul ne le contredit, ni ses concurrents ni les médias ! Sa proposition de « dette perpétuelle » reflète le moment fou dans lequel nous sommes, où un candidat peut avancer n'importe quoi puisqu’il n'y aurait de toute façon plus de vérité. 

Emmanuel Macron, invité de L'émission politique de France 2.

S.F. Emmanuel Macron représente une alternative, chaque jour plus crédible, entre la campagne très à droite de Fillon (sans parler, bien sûr, des affaires), et celle, très à gauche, de Hamon, plus préoccupé par son alliance avec les écolos ou par Mélenchon que par l’idée de bâtir une majorité réformatrice. La chance sourit aux audacieux, Emmanuel Macron aura mérité la sienne. 

Google intègre le fact-checking à son moteur de recherche.

S.F. Il était temps ! Un algorithme ne peut pas donner raison à des mensonges qui, parce qu'ils ont de l'audience, prétendent devenir des vérités.

Facebook lance son assistant virtuel sur Messenger.

S.F. Nous ne sommes qu'aux prémices de la révolution liée au développement de l'intelligence artificielle, des chatbots, assistants personnels et autres conseillers virtuels. Les Tamagotchis de notre enfance n'auraient certainement jamais imaginé devenir indispensables aux adultes, c’est pourtant ce qui va se passer ! 

La gestion de la crise guyanaise par les pouvoirs publics.

S.F. Les campagnes électorales sont toujours l'occasion de mouvements opportunistes. Je ne suis pas sûr que celui-ci fasse progresser la cause de la Guyane, comme elle le mériterait. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on a, là encore, le signe d’un quinquennat qui subit les images médiatiques au lieu de produire lui-même une communication sur son action politique.

La polémique sur la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.

S.F. Je prends le pari d'un feuilleton qui est loin d'être terminé. Fermer une centrale pour des raisons symboliques... le nucléaire comme le débat sur l'énergie en France mérite mieux que ça. On ne gouverne pas qu’avec des images, même si on ne gouverne pas sans elles !

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.