Agences digitales
Encore stéréotypés, les métiers du numérique comptent 27% de femmes, contre 48% pour le reste de l’économie. Mais leur arrivée à la tête d’agences digitales ou à des postes de chief digital officer est de bon augure

Elle travaillait en duo avec un homme… comme numéro 2. Pas sur qu’elle reproduise le même schéma maintenant que la voilà CEO. Véronique Beaumont, 52 ans, nommée il y a un mois chez Digitas-LBI France, est la première femme à la tête de la plus grande agence digitale française. Ingénieur de formation, elle a fait toute sa carrière dans l'agence et on vous dira qu’elle faisait tourner la boutique depuis dix ans en assurant le pilotage commercial et opérationnel ainsi que la gestion client en direct. «Nous formions un très bon tandem avec Mathieu Morgensztern, avec chacun son domaine d’excellence, dit-elle. Etre numéro un, ce n’est pas la place, mais la possibilité de porter plus largement la parole sur la vision de l’agence, au-delà de mes clients

Le sens du collaboratif

A la question si ambiguë de savoir s’il y aurait un management féminin et aux particularités de diriger une agence digitale, la dirigeante se dit assez convaincue que «le travail collaboratif, la cocréation et les enjeux de conduite du changement propre à la transformation digitale sont assez facilement portés par les femmes, qui sont moins dans des logiques de territoire et de premier rôle, mais dans l’accomplissement et la réalisation». Thierry Jadot, CEO de Dentsu Aegis Network France qui fait référence aux recherches de l’économiste Marie-Claire Villeval, abonde et dit «croire au management des femmes, qui ont un sens plus aigu de la coopération dans leur travail, quand les hommes sont toujours plus dans la compétition». Il souligne chez Sabina Gros, promue cette année, présidente d'Isobar, l'agence digitale du groupe, «le sens du collaboratif, une qualité indispensable à l’ère numérique et une approche empathique et efficace du collectif».

Des talents avant tout

Pour sa part, la nouvelle CEO d'Isobar observe que «dans ce marché politique et éphémère, les femmes ont souvent moins peur que les hommes - des compétitions à dix agences, de l’évolution constante du métier… -  avec une intuition et une intelligence des situations». Pour Sandrine Plasseraud, fondatrice et directrice générale de We are social (son comité de direction compte 3 femmes pour 5 membres), la promotion de femmes digital manager ne devrait pas être un sujet, car «ce ne sont que des talents». Antoine Pabst, CEO de Razorfish France, qui travaille en tandem depuis quinze ans avec Laure Garboua-Tateossian, directrice générale, approuve: «Il n'y a pas de différence. Réussir dans le digital suppose une sensibilité au business, aux enjeux techno et à la dimension experience client, donc sociologique.» Des qualités éprouvées chez les CDO (chief digital officers) dans les grandes entreprises, comme Anne Browaeys-Level au Club Med, Ludomira Rochet dans le groupe L’Oréal, Antonia McCahon chez Pernod Ricard ou Brigitte Cantaloube au groupe PSA, qui ouvrent la voie.   

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