Crise
Contraint par des mesures de sécurité drastiques liées à l’état d’urgence, le secteur de l’événementiel s’est réuni pour évoquer son avenir. Il n’est pas morose, mais il faudra faire évoluer les modèles.

L’état d’urgence, dont les mesures sécuritaires imposent des contraintes supplémentaires aux organisateurs d’événements, valait bien un débat. D’autant que le secteur célèbre aussi sa nouvelle union. En effet, depuis le 1er janvier, les principales associations professionnelles de l’événementiel (dont l’Anaé et Le Raffut) se sont regroupées en une seule, baptisée sobrement L’Evénement. Autant d’occasion de discuter ouvertement de l’avenir de la profession. C’était lundi 25 janvier, devant les caméras, en direct sur Strategies.fr et dans les locaux parisiens d’AMP Visual, juste à côté du studio du Petit Journal de Canal+.

Le débat, de près de deux heures, a tenté de faire le tour de la problématique, et de trouver des pistes pour le secteur. Philipe Tireloque, au cabinet du préfet de police de Paris, a rappelé que l’état d’urgence n’avait finalement abouti qu'à l’interdiction de trois événements, aussitôt après les attentats du 13 novembre: «Le dialogue avec les organisateurs sur la sécurité existait déjà bien avant, a-t-il expliqué. Il s’est simplement renforcé. Notre volonté est de revenir à une situation normale et à poursuivre les organisations.»

Fréquentation en baisse à Paris

De son côté, Stéphane Fiévet, de la mairie de Paris, a indiqué qu’en janvier 2016, les «demandes d’occupation de la voie publique» étaient même 25% supérieures à celles observées il y a un an à la même période: «Chaque année, nous gérons 2500 événements publics dans la Paris, dont 500 majeurs, et les questions sécuritaires ont toujours été présentes.»

Malgré cela, la conséquence des attentats a été un réel coup de frein sur la fréquentation des événements: -25% pour les salons, ou -40% sur la billetterie d’exposition, selon des chiffres publiés par L’Evénement lors du débat. «Les salons parisiens ont souffert, reconnaît Renaud Hamaide de Comexposium. Mais ce n’est pas le cas des événements en province.» Les professionnels, français ou étrangers, ont ainsi rechigné à venir sur Paris, soit par crainte personnelle, soit sur consigne de leur entreprise, malgré le renfort effectif des contrôles. «Quelques visiteurs sont même venus vérifier ces mesures avec des huissiers», a-t-il lâché.

Faire preuve de créativité

Face à ces faits, les professionnels de l’événementiels ne sont pas découragés. Dans un message enregistré, Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, a assuré que les salons et expositions «sont des moments essentiels de l’année» dans une région ou un territoire, que ces événements ont une importance économique importante: «Pour 1 euros investi, c’est 8 euros de retour sur investissement», a assuré le ministre.

«Mais les difficultés arrivent avec notamment l’Euro de football», tempérait Thierry Reboul d’Ubi Bene, qui a dû personnellement essuyer l’annulation par Adidas d’événements prévus durant la compétition. Une crainte que ne partageaient pas tous les professionnels présents durant ce débat. «Nous devrions en profiter pour repenser le modèle de l’événementiel et être plus créatifs, a clamé Vincent Dumont, de l'agence Chakaïna. Plutôt que d’organiser une grande convention à Paris pour une entreprise, peut-être devrions-nous proposer des événements en région, plus petits.» Un  avis partagé par Frédéric Bedin, d’Hopscotch: «A nous aussi de communiquer pour dire que la France et Paris sont des lieux où l’on peut être en sécurité !»

L’optimisme était aussi de rigueur chez Arnaud Peyrolles: «Un événement n’est pas un lieu dangereux, a insisté le patron d’Idéactif. Au contraire, comme nous avions vraiment anticipé les questions de sécurité, nous pouvons dire que c’est dans ces sites que le public est le plus en sécurité.»

 

Vous pouvez revoir le débat «L’Evénementiel en état d’urgence» sur Stratégies.fr.

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