Les cérémonies des 8 août et 5 septembre marquent l’entrée de Paris 2024 dans le vif du sujet. Peut-on dire qu’elles donnent le ton pour la suite ?
Thierry Reboul. Elles ont été à l’image de ce que nous voulons faire de ces Jeux : un événement accessible, populaire, spectaculaire et créatif. C’était la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques qu’un « handover » [passage de flambeau] était organisé hors du stade où se déroulait la cérémonie. Avec succès, puisque 80 % des Français ont aimé la cérémonie du 8 août, que 86 % l’ont trouvée dynamique et porteuse d’une bonne image et que 76 % se disent fiers d’accueillir les prochains JO d’été en 2024. Ce que nous avons fait a été très apprécié et nous conforte dans nos choix, à commencer par celui d’organiser la cérémonie d’ouverture de nos Jeux en plein Paris, peut-être même sur la Seine et ses quais. Un projet révolutionnaire, hors normes, soutenu à la fois par le président de la République et la maire de Paris. La décision définitive sera connue à la fin de l’année.
Avez-vous rencontré des réticences ?
Aucune ! J’ai eu la chance d’arriver au moment où le mouvement olympique cherchait à se réinventer, et de travailler avec un homme, Tony Estanguet, qui souhaite marquer l’histoire des Jeux olympiques et paralympiques. Je suis donc dans les meilleures conditions pour me concentrer sur le programme d’événements – parcours de la flamme, journées et semaines olympiques et paralympiques, etc. –, et principalement sur les quatre cérémonies des Jeux. Avec bien sûr cette cérémonie d’ouverture qui reste le vaisseau amiral de la flotte et qui promet d’être folle ! L’enjeu est important quand on sait que ce temps fort représente 60 % de la perception du succès des Jeux, selon le CIO. Cette cérémonie est pour les équipes comme pour moi une véritable obsession. Il faut impérativement laisser un souvenir inoubliable à tous ceux qui la vivront ou qui la verront devant leur écran.
Les agences qui interviennent pour Paris 2024 ne sont sollicitées que pour de la production exécutive, pas pour de la création. N’est-ce pas quelque peu frustrant pour celles-ci ?
L’une des originalités de l’organisation est que nous avons internalisé toute la création au sein d’un pôle constitué aujourd’hui d’une soixantaine de profils variés issus d’agences. Qu’il s’agisse d’événement, de film publicitaire ou encore de création d’identité, le mode de collaboration est pratiquement toujours le même : nous créons la plupart du temps nos concepts et en déléguons la réalisation. Ayant été en grande partie recruté pour des compétences créatives pour lesquelles je pense avoir fait mes preuves, je pense que les agences comprennent cette organisation. De plus, être producteur exécutif sur des Jeux olympiques est une expérience unique !
Quel regard portez-vous sur les cérémonies des Jeux de Tokyo ?
Quand je vois l’intensité et le volume de travail à fournir pour organiser des Jeux, je ne peux être qu’admiratif de ce qu’ils ont réussi à faire et de leur résilience. Revoir entièrement sa copie à quelques mois de l’échéance, prolonger d’un an son effort pour délivrer une telle cérémonie force le respect.