Du ridicule au sublime, il n’y a souvent qu’un souffle – si possible sans aérosol. Sur cette échelle, où se situe la dernière geste communicationnelle d’Emmanuel Macron, justement baptisée « Chaque geste compte » ? Publiée sur Instagram, elle donne à voir le président, nimbé de pastel berlingot, scrupuleusement porter son masque sous les ors de la République, aérer consciencieusement l’Élysée, consulter fiévreusement l’appli Tous AntiCovid... Le tout avec une typo « fantaisie » que ne renierait pas une onglerie de Mimizan. Inscrire Emmanuel Macron, en pleine pandémie, dans l’univers d’une influenceuse make-up, voilà qui n’a pas échappé aux esprit moqueurs, lesquels ont promptement créé un générateur de mèmes permettant de détourner la campagne par la seule grâce d’un bouton... « En marche » ! Parallèlement, la motricité malhabile du ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, filmée le 2 février à l'occasion d'une danse collective dans une école, a instantanément été frappée de mèmification. Tout comme le physique entretenu du ministre de la Santé Olivier Véran, torse nu devant les caméras... Il y a encore dix ans, on disait de la politique qu’elle s’était « peopolisée » à coups d’exclus dans Paris-Match. Aujourd’hui, ne serait-elle pas en train de purement et simplement se « mèmifier » ? Il paraît presque loin, le temps de la petite phrase : bienvenue dans l’ère du geste minuscule. Sans doute parce qu'en politique comme ailleurs, si chaque geste compte, il demeure insignifiant… s’il ne s’accompagne pas d’une vision.