L'actu vue par...
Nathanaël Karmitz, président du directoire de MK2, nous donne son point de vue sur l'actualité.

Le deuxième tour des élections municipales sur fond de retour à la normale des comportements, et de crainte d’une deuxième vague. 

Je suis frappé par le taux d’abstention. Force est de constater qu’on est encore dans la période Covid-19. Les gens ont eu peur ou bien ont sanctionné qu’on leur ait demandé de faire le premier tour. Il y a une relation au temps présent qui n’est pas que le désintérêt de la politique mais qui est aussi liée aux circonstances sanitaires. Tous ceux qui ont été enfermés et sont dans le lien social constatent que les gens ont envie de reprendre une vie normale. Mais le chemin pour apprendre à vivre avec ce virus va prendre encore du temps et demander un peu plus de clarté. On peut espérer que la culture revienne au cœur des politiques.

 

La réouverture des salles, et les médias qui s’engagent dans la campagne solidaire « Nous irons tous au cinéma ».

L’envie de cinéma est là. On a réussi à rouvrir, mais dans de mauvaises conditions : un lundi, sur un début de canicule, un jour de rentrée scolaire et à la veille d’élections. Ce n’est pas la grande affluence même si les gens viennent quand même. Et c’est un peu la poule et l’œuf : les salles devaient rouvrir pour que les distributeurs américains y mettent leurs films mais, en raison de la crise sanitaire aux États-Unis, les distributeurs ont déplacé de juillet à août la sortie de leurs blocksbusters. Il y a de la solidarité de la part des chaînes, mais n’oublions pas qu’elles sont elles-mêmes investisseuses et diffuseuses de films. Et elles s’apprêtent à recevoir un beau cadeau avec la libéralisation de la publicité du cinéma à la télévision. 

 

Les décrets révisant les règles de la publicité TV et supprimant les jours interdits de cinéma à la télévision attendus en juillet.

C’est un très mauvais coup. Partout où elles ont eu lieu, ces mesures ont eu pour effet de détruire de la diversité puisque c’est la prime à ceux qui ont de l’argent. La France avait ce système merveilleux qui lui permettait d’être le plus divers au monde, l’ouverture à la télé devait être encadrée et réservée pour moitié aux films d’art et d’essai. Désormais, c’est sans conditions. Les diffuseurs ont gagné et la publicité au cinéma n’a rien obtenu.

 

Mediawan qui veut devenir « leader européen des contenus » en acquérant Lagardère Studios

Je suis content que la concentration se fasse avec des acteurs français. Néanmoins, je ne peux que m’étonner du niveau de financiarisation dans les contenus audiovisuels.

 

Le climat social dans les médias avec notamment la grève à Altice Médias et le plan de départs annoncé à Webedia, éditeur d’Allociné.

Ça n’est malheureusement que le début. Il faudra être vigilant pour ne pas assister à quelques comportements opportunistes. Et que le Covid-19 ne soit pas un prétexte pour mener des restructurations qui, soit auraient pu être menées plus tôt, soit ne sont pas complètement nécessaires.

 

Le gouvernement qui fait connaître son dispositif de chômage partiel de longue durée.

Chez nous, le chômage partiel est prolongé à 100% jusqu’en septembre. On peut se réjouir de ce dispositif qui maintient l’activité et s’inquiéter d’un vieux défaut à la française : à force de créer des amortisseurs, on a des chutes mais aussi des rebonds plus lents. Faut-il étirer la crise dans le temps ou la vivre et rebondir ? La question peut se poser. Les problèmes commencent maintenant. Il faut aussi avoir un moment où le changement est possible. Quel est le plan de soutien politique à nos secteurs ? Le gouvernement a ponctionné le budget du CNC pendant de longues années. Aujourd’hui, celui-ci a besoin de cet argent. Il est en rupture de paiements.

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